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Marine Le Pen réclame l'annulation des thermostats connectés


La présidente du RN dénonce le coût de cette obligation environnementale pour les ménages. Le gouvernement envisage un report à 2030.

Marine Le Pen réclame l'annulation des thermostats connectés

La présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, a lancé jeudi une offensive contre une mesure environnementale jugée contraignante pour les Français. Elle réclame l'annulation pure et simple de l'obligation d'installer des thermostats connectés sur les radiateurs de chaque pièce, une mesure initialement prévue pour entrer en vigueur au 1er janvier 2027. Cette prise de position intervient alors que le gouvernement envisage déjà un report de cette obligation à 2030.

La polémique illustre les tensions croissantes autour des normes environnementales et leur impact financier sur les ménages français, dans un contexte de pouvoir d'achat déjà fragilisé par l'inflation et la hausse des prix de l'énergie.

Une mesure jugée trop coûteuse pour les propriétaires

Sur le réseau social X, Marine Le Pen a dénoncé avec virulence cette obligation qu'elle qualifie de "charge énorme pour nombre de propriétaires". Selon ses estimations, l'installation de ces dispositifs représenterait un investissement considérable pour les foyers français.

Les chiffres avancés par la leader d'extrême droite sont sans appel : le coût d'achat de ces thermostats connectés oscillerait entre 60 et 250 euros par unité, auxquels s'ajouteraient des frais d'installation compris entre 150 et 300 euros. Pour un logement moyen comportant plusieurs pièces, la facture totale pourrait rapidement atteindre plusieurs milliers d'euros.

"Les Français, déjà écrasés par les prix énergétiques et la hausse ininterrompue des taxes et impôts, ne peuvent plus faire face à ces folies normatives et idéologiques", s'est-elle indignée, réclamant l'annulation du décret de 2023 qui impose ces équipements.

Une directive européenne transposée en droit français

Cette obligation s'inscrit dans le cadre du plan sobriété énergétique lancé par le gouvernement en 2022, en réponse à la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine. Le dispositif vise à améliorer la maîtrise de la consommation de chauffage dans les bâtiments publics et privés.

Le ministre des Finances Roland Lescure a réagi rapidement aux critiques, précisant sur le réseau Bluesky que cette obligation était "en cours de report à 2030". Il a rappelé que ce texte constituait une transposition stricte d'une directive européenne, soulignant que le décalage visait à "laisser plus de souplesse aux ménages et aux professionnels pour s'équiper".

Selon le ministre, ce dispositif de pilotage connecté du chauffage pièce par pièce permettrait de réduire la consommation énergétique de 15%, contribuant ainsi à améliorer le pouvoir d'achat des Français en diminuant leurs factures de chauffage.

Un dispositif d'aide supprimé en raison de fraudes

Initialement, le gouvernement avait prévu un coup de pouce financier pour accompagner les ménages dans cet investissement. Toutefois, cette aide a été supprimée il y a un an en raison de risques de fraude importants détectés dans le système.

Cette suppression a considérablement alourdi la charge financière pour les particuliers, rendant la mesure d'autant plus impopulaire. Avec environ 27 millions de foyers restant à équiper selon les estimations, l'ampleur du chantier apparaît considérable.

L'opposition politique se mobilise contre la mesure

Marine Le Pen n'est pas la seule voix politique à s'élever contre cette obligation. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a également exprimé son opposition mercredi sur X, avec un ton particulièrement sarcastique.

"Il y aura bientôt des contrôles sur l'épaisseur des pulls, une commission chargée de vérifier l'efficacité énergétique des couettes et une obligation de cultiver une pilosité optimale pour réduire notre facture énergétique", a-t-il ironisé, fustigeant l'imagination "sans limite" des "bureaucrates".

Le sénateur a appelé à "arrêter d'emmerder les Français", reprenant une formule devenue populaire dans le débat public pour dénoncer ce qui est perçu comme un excès de réglementation.

Une polémique alimentée par les médias

Ces réactions politiques font suite à une virulente diatribe de l'éditorialiste économique François Lenglet mercredi sur RTL, qui a critiqué ces dispositifs et leur impact sur les ménages français. Son intervention a largement contribué à médiatiser cette question et à cristalliser les oppositions.

La controverse révèle les difficultés du gouvernement à concilier ses objectifs environnementaux avec les préoccupations immédiates des Français concernant leur pouvoir d'achat. Entre transition énergétique et réalités économiques des ménages, l'équilibre apparaît délicat à trouver.

Le report de l'obligation à 2030 apparaît comme une tentative de désamorcer la polémique, mais la question de fond demeure : comment financer la transition écologique sans peser excessivement sur les budgets des particuliers ? Cette interrogation continuera sans doute d'alimenter les débats politiques dans les mois à venir.