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Un faux infirmier piégeait des femmes pour assouvir ses pulsions


Nicolas Gonidec se faisait passer pour un professionnel de santé et pratiquait des actes médicaux non consentis sur une quarantaine de victimes.

Un faux infirmier piégeait des femmes pour assouvir ses pulsions

L'affaire Nicolas Gonidec, jugée devant le tribunal correctionnel de Quimper, révèle un cas troublant de perversion sexuelle déguisée en protocole médical. Cet homme de 44 ans, ancien producteur audiovisuel et conseiller municipal, a orchestré pendant près de deux décennies un stratagème élaboré pour assouvir ses pulsions en se faisant passer pour un professionnel de santé.

Les expertises psychiatriques présentées lors du procès ont mis en lumière la nature profondément pathologique de ses agissements. Pendant six ans, entre 2015 et 2021, il a piégé une quarantaine de femmes dans un rituel pervers soigneusement orchestré, leur infligeant des actes médicaux non consentis sous couvert d'études scientifiques fictives.

Une jouissance perverse liée aux aiguilles et aux injections

Le témoignage du Dr Anne Henry, experte psychiatre, a été particulièrement révélateur sur la psychologie du prévenu. Intervenant en visioconférence devant la cour, elle a décrit sans ambages la nature sexuelle des actes commis par Nicolas Gonidec. "Il jouit, il jouit tout le temps, ce monsieur, quand il parle des aiguilles", a-t-elle déclaré de manière explicite.

Selon l'experte, les injections et prises de sang pratiquées par le faux infirmier lui procuraient une satisfaction sexuelle intense, sans nécessairement s'accompagner d'une érection physique. Cette forme de perversion, centrée sur un objet spécifique - les aiguilles et les veines - constitue un cas clinique rare mais documenté dans la littérature psychiatrique.

L'obsession de M. Gonidec pour les veines et les instruments médicaux s'inscrivait dans ce que la psychiatre a qualifié de "jouissance perverse", une satisfaction pathologique tirée non pas d'un acte sexuel conventionnel, mais d'un rituel précis et répétitif.

Un stratagème élaboré pour piéger les victimes

Le mode opératoire de Nicolas Gonidec témoignait d'une préparation minutieuse et d'une manipulation psychologique sophistiquée. Se présentant comme infirmier, il contactait ses victimes en leur proposant de participer à des études médicales fictives, principalement axées sur les phobies des aiguilles.

Pour renforcer la crédibilité de son imposture, il avait mis en place un dispositif complet comprenant:

  • Une secrétaire fictive qui envoyait les documents administratifs
  • Des questionnaires de santé détaillés
  • Des formulaires de consentement falsifiés
  • Une mallette médicale complète avec garrot et seringues
  • Des propositions de rappels de vaccins et de tests Covid

Comme l'a souligné le Dr Henry, "le stratagème fait partie de la jouissance". La mise en scène élaborée, la tromperie et la manipulation des victimes constituaient des éléments essentiels du rituel pervers, augmentant l'excitation pathologique du prévenu.

Une escalade transgressive au fil du temps

L'analyse psychiatrique a révélé que le comportement de Nicolas Gonidec s'était progressivement aggravé, suivant une dynamique typique des personnalités perverses. Le Dr Henry a expliqué que "les comportements pervers, c'est un rituel qui se répète et augmente en intensité".

Cette escalade s'est manifestée par l'introduction de nouvelles pratiques dans son rituel. Au-delà des simples prises de sang, le faux infirmier a commencé à proposer à certaines victimes des méthodes de relaxation prétendument thérapeutiques, censées provoquer un "orgasme thérapeutique".

Huit femmes ont témoigné auprès des enquêteurs avoir subi des agressions sexuelles caractérisées: caresses non consenties sur les seins et masturbations imposées, alors qu'elles pensaient participer à un protocole médical légitime. Ces actes représentent une violation grave de leur intégrité physique et psychologique.

Le profil d'une personnalité perverse

Les expertises psychologiques et psychiatriques ont dressé le portrait d'un homme présentant une personnalité perverse caractérisée. Le Dr Henry l'a décrit comme un individu "autocentré, bien plus préoccupé par son sort que par la souffrance des victimes".

Sa vie personnelle reflétait également ses dysfonctionnements sexuels. Marié au moment des faits, Nicolas Gonidec n'entretenait plus de relations sexuelles avec son épouse, dont il est aujourd'hui divorcé. Cette absence de sexualité conventionnelle s'expliquait par le fait que sa satisfaction ne pouvait provenir que de son rituel pervers spécifique.

L'experte psychiatre a également évoqué un phénomène de "collectionnisme pervers", suggérant que le prévenu accumulait les victimes comme autant de trophées alimentant sa pathologie. Chaque nouvelle victime représentait une nouvelle source de jouissance dans son système pervers.

Une prise de risque croissante malgré la conscience du danger

L'un des aspects les plus troublants de cette affaire réside dans le fait que Nicolas Gonidec était parfaitement conscient de l'illégalité de ses actes et des risques encourus. "Il est intelligent, il savait ce qu'il risquait et il a continué en prenant tous les risques", a souligné le Dr Henry.

Cette persistance malgré la connaissance du danger témoigne de la puissance de sa compulsion pathologique. Selon l'experte, "sa jouissance est tellement impérieuse que ça prenait le pas sur tout le reste". Cette caractéristique illustre la nature addictive des comportements pervers, où la recherche de satisfaction l'emporte sur toute considération rationnelle ou morale.

Le parcours de Nicolas Gonidec, conseiller municipal de Quimper dans la majorité de droite et producteur audiovisuel reconnu, montre comment une façade sociale respectable peut masquer une pathologie profonde. Sa position lui conférait une crédibilité supplémentaire auprès de ses victimes, facilitant ainsi son entreprise de manipulation.

Cette affaire soulève également des questions importantes sur la prévention de telles impostures et la protection des personnes vulnérables face à des prédateurs utilisant le prestige de la profession médicale pour commettre leurs méfaits. Le procès devant le tribunal correctionnel de Quimper devra déterminer la sanction appropriée pour ces actes qui ont traumatisé des dizaines de femmes pendant près de vingt ans.