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Louis Sarkozy propose de supprimer la signalisation routière


Le candidat à Menton défend le concept des "routes nues" pour responsabiliser les conducteurs, dans un contexte d'incivilités croissantes.

Louis Sarkozy propose de supprimer la signalisation routière

Dans un contexte où le respect du code de la route ne cesse de se dégrader en France, une proposition pour le moins surprenante vient bousculer les idées reçues. Louis Sarkozy, candidat à la mairie de Menton, défend un concept radical : supprimer l'ensemble de la signalisation routière pour responsabiliser davantage les usagers. Cette idée audacieuse s'inspire d'expérimentations menées à l'étranger et intervient alors qu'une étude de la Fondation Vinci Autoroutes révèle des chiffres alarmants sur les comportements routiers des Français.

Loin d'être une simple provocation, cette proposition s'appuie sur des expériences concrètes menées dans plusieurs pays européens. Elle soulève néanmoins de nombreuses questions quant à sa faisabilité dans l'Hexagone, où les incivilités routières semblent devenues monnaie courante.

Une proposition radicale pour repenser la sécurité routière

Le concept des "naked roads" importé des Pays-Bas

Lors de son intervention sur RMC mercredi matin, Louis Sarkozy a défendu une vision iconoclaste de la sécurité routière. Selon lui, il faudrait "supprimer les feux rouges, les lignes blanches, les panneaux de signalisation" pour créer un environnement où les conducteurs seraient naturellement plus vigilants. Cette approche s'inspire directement du concept des "naked roads", littéralement "routes nues", déjà expérimenté avec succès aux Pays-Bas.

Le principe fondamental de ce système repose sur une idée contre-intuitive : en l'absence de signalisation, les usagers de la route seraient contraints de faire davantage attention à leur environnement et aux autres. "Il faut plus de liberté et rendre le citoyen responsable de sa propre conduite au lieu qu'il la délègue intégralement au code de la route", a affirmé le candidat à la mairie de Menton.

Pour Louis Sarkozy, "ce qui tue les automobilistes, c'est l'assistanat". Il plaide donc pour "une immense simplification de nos routes", estimant que la surcharge de signalisation crée une forme de dépendance qui déresponsabilise les conducteurs.

Des résultats encourageants dans les zones urbaines partagées

Le concept des routes sans signalisation n'est pas qu'une théorie abstraite. Il a fait l'objet de plusieurs expérimentations concrètes, principalement dans des zones urbaines où se côtoient différents types d'usagers : automobilistes, cyclistes et piétons. Ces espaces partagés ont été aménagés de manière à gommer les repères traditionnels et à créer une ambiguïté volontaire qui force chacun à être plus attentif.

Selon les informations rapportées par Le Parisien, plusieurs études menées sur ces aménagements ont observé une baisse du nombre d'accidents dans ces espaces. L'absence de signalisation claire obligerait les usagers à ralentir naturellement et à établir un contact visuel avec les autres, créant ainsi une forme de régulation sociale de la circulation.

Ces résultats positifs s'expliquent par un phénomène psychologique : face à l'incertitude, les conducteurs adoptent spontanément une conduite plus prudente. L'absence de marquage au sol et de panneaux les empêche de se reposer sur des automatismes et les maintient dans un état de vigilance accrue.

Une étude alarmante sur le comportement des Français sur la route

La proposition de Louis Sarkozy intervient dans un contexte particulièrement préoccupant. L'étude commandée par la Fondation Vinci Autoroutes et réalisée par Ipsos, publiée ce mercredi, dresse un tableau inquiétant du respect du code de la route en France. Les chiffres révélés mettent en lumière une dégradation généralisée des comportements de tous les usagers.

Le premier constat est sans appel : 95% des personnes interrogées disent craindre le comportement des autres sur la route. Ce climat de méfiance généralisée traduit une perte de confiance collective dans le respect des règles de circulation.

Les incivilités recensées sont multiples et concernent toutes les catégories d'usagers :

  • 58% des automobilistes reconnaissent ne pas utiliser systématiquement leur clignotant
  • 67% des conducteurs admettent griller un feu rouge
  • 70% des piétons traversent alors que le feu est rouge
  • 40% des cyclistes réguliers avouent également ne pas respecter les feux de signalisation

Ces données révèlent que le non-respect du code de la route n'est pas l'apanage d'une seule catégorie d'usagers, mais bien un phénomène transversal qui touche l'ensemble de la société française. Les piétons eux-mêmes, souvent prompts à dénoncer les comportements dangereux des automobilistes, ne sont pas irréprochables dans leurs propres pratiques.

Une faisabilité questionnée pour le modèle français

Si les expérimentations néerlandaises ont montré des résultats encourageants, la transposition de ce modèle à la France soulève de nombreuses interrogations. Le contexte culturel et les habitudes de conduite diffèrent sensiblement entre les deux pays. Les Pays-Bas bénéficient d'une culture du vélo profondément ancrée et d'une tradition de partage de l'espace public qui facilite ce type d'approche.

Les chiffres alarmants de l'étude Vinci-Ipsos posent la question de la responsabilité individuelle des usagers français. Comment imaginer qu'un système reposant uniquement sur l'autodiscipline puisse fonctionner dans un pays où 70% des piétons traversent au feu rouge et où près de 60% des automobilistes n'utilisent pas leur clignotant ?

Par ailleurs, les expérimentations menées aux Pays-Bas concernent principalement des zones urbaines limitées, avec des vitesses réduites et un trafic relativement dense. L'application de ce principe à des axes routiers plus rapides ou à des zones périurbaines pourrait s'avérer beaucoup plus problématique et potentiellement dangereuse.

La proposition de Louis Sarkozy, bien qu'inspirée par des exemples concrets, devra donc être soigneusement évaluée à l'aune des spécificités françaises. Entre idéal de responsabilisation et réalité des comportements observés, le débat sur l'avenir de la signalisation routière ne fait probablement que commencer.