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Crise dans l'industrie des jeux vidéo en 2024 : vagues de licenciements et fermetures de studios


En 2024, l'industrie des jeux vidéo a connu une année difficile avec 14'500 licenciements et de nombreuses fermetures de studios. Les investissements se détournent vers d'autres secteurs.

Crise dans l'industrie des jeux vidéo en 2024 : vagues de licenciements et fermetures de studios

Le secteur des jeux vidéo, célébré jeudi à Los Angeles aux 10e Game Awards, a connu en 2024 l’une des pires années de son histoire au niveau industriel, marquée par des vagues de licenciements et des fermetures de studios. «En coulisses, l’industrie du jeu vidéo est particulièrement lugubre. Notre écosystème est en chute libre», s’inquiétait début décembre Mike Bithell, figure de la scène indépendante à la tête d’un petit studio britannique, sur le réseau social Bluesky.

Selon le décompte du site Game Industry Layoffs, au moins 14'500 professionnels du secteur ont été licenciés dans le monde en 2024, contre 10'500 en 2023. De nombreux studios ont fermé leurs portes. Le géant français Ubisoft a ainsi annoncé début décembre la fermeture de ses antennes à San Francisco et Osaka. Firewalk, studio américain de Sony à l’origine de l’échec commercial «Concord», a connu un destin similaire en octobre.

Industrie «en chute libre»

Baisse des investissements et diversification

Alors que le marché est toujours en croissance, générant 187,7 milliards de dollars en 2024 selon le cabinet Newzoo, studios et éditeurs font face à une baisse significative des investissements depuis deux ans, avec des fonds qui se détournent vers d’autres secteurs plus porteurs comme l’IA.

Face à cette crise, les principaux acteurs cherchent à se diversifier, dans le cinéma (Nintendo avec «Super Mario Bros. le film», deuxième plus gros succès au box-office de 2023) ou les séries comme «Fallout» (marque appartenant à Microsoft) ou «Secret Level», série d’animation sortie mardi adaptant de nombreux univers de jeux.

Succès et déceptions

Si les locomotives de l’industrie se maintiennent – le dernier «Call of Duty» a signé le «meilleur démarrage de la franchise» selon son éditeur Activision Blizzard, plusieurs jeux particulièrement attendus ont connu des ventes décevantes, à l’image du deuxième volet du remake de «Final Fantasy VII» et de «Star Wars Outlaws».

Des succès plus inattendus issus de studios modestes ont marqué, comme «Palworld», surnommé «Pokémon avec des flingues», et «Helldivers 2», jeu de guerre intergalactique rendant hommage au film «Starship Troopers». La plus grosse sensation est venue de Chine avec le succès fulgurant du jeu d’action «Black Myth: Wukong».

L’ombre de la Chine

Davantage positionnée sur le jeu mobile et le free-to-play (jeux gratuits avec achats optionnels), la Chine bénéficie de coûts de développement moins élevés qu’aux États-Unis ou en Europe, et abrite des géants de l’industrie comme Tencent et NetEase. Surtout, le pays représente près d’un quart du marché mondial, tiré par quelque 722 millions de joueurs.

2025: «La fin de l’hémorragie»?

«2025 devrait constituer une année de rebond pour le secteur» veut croire Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners, qui s’attend à «la fin de l’hémorragie» dans les studios. «Ceux qui auront survécu bénéficieront d’un environnement concurrentiel a priori beaucoup plus favorable», estime-t-il, après le trop-plein de sorties des deux dernières années.

L’arrivée l’an prochain de la console qui succèdera à la Switch de Nintendo, ainsi que la sortie très attendue à l’automne 2025 du mastodonte «GTA VI», devraient redonner un coup de fouet à l’industrie.