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Annulation du second tour présidentiel en Roumanie par la Cour constitutionnelle


La décision de la Cour constitutionnelle roumaine d'annuler le second tour de l'élection présidentielle suscite colère et confusion parmi les électeurs. Des manifestations ont eu lieu dimanche matin pour protester contre cette mesure sans précédent, accusée de «multiples irrégularités et violations de la loi électorale».

Annulation du second tour présidentiel en Roumanie par la Cour constitutionnelle

L'annulation du second tour de l'élection présidentielle en Roumanie par la Cour constitutionnelle suscite colère et confusion parmi les électeurs. Plus d’une centaine de Roumains se sont déplacés dimanche matin aux urnes aux côtés du candidat d’extrême droite pour protester contre l’annulation du second tour de la présidentielle. Des millions d’électeurs étaient appelés à voter ce dimanche pour choisir entre Calin Georgescu, accusé de sympathies prorusses, et sa rivale pro-européenne Elena Lasconi. Mais vendredi, dans un nouveau rebondissement, la Cour Constitutionnelle a décidé de faire table rase du scrutin et de recommencer de zéro. Une mesure sans précédent dans le pays d’Europe orientale et extrêmement rare en Europe.

En cause, de «multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé» le vote sur fond de suspicions d’interférence russe. Un «coup d’Etat», selon le candidat nationaliste, qui avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour le 24 novembre et faisait figure de favori dans les sondages.

Réactions et Protestations

Manifestations et Appels à la Justice

«Calin Georgescu président», «voleurs!», «ouvrez les bureaux de vote»: ces slogans ont résonné dimanche matin alors que plus d’une centaine de Roumains se sont rassemblés pour exprimer leur mécontentement. «C’est la journée de la Constitution, mais il n’y a rien de constitutionnel en Roumanie», a ajouté le sexagénaire, accusant les autorités d’avoir agi par peur de sa victoire. Calin Georgescu a annoncé avoir contesté l’annulation devant la justice roumaine et devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

Vêtu d’un manteau sombre et d’une écharpe bleue, Calin Georgescu a dit ne pas appeler ses partisans à «faire quoi que ce soit», alors qu’ailleurs dans le pays aucun rassemblement de taille n’a été constaté.

Accusations et Défenses

Habitué des discours nationalistes et mystiques, Calin Georgescu a affiché par le passé son admiration pour Vladimir Poutine mais affirme désormais «ne pas être un fan» et nie tout lien avec la Russie. Il est opposé à l’aide à l’Ukraine et prône avant tout la recherche de la «paix», un positionnement habituel parmi les tenants de la rhétorique russe.

Sa possible victoire suscitait à Bruxelles et Washington les craintes d’une réorientation stratégique dans ce pays de l’UE, devenu un pilier de l’Otan depuis le début de la guerre en Ukraine voisine.

Ingérence et Campagne sur TikTok

D’après les autorités roumaines, le candidat a bénéficié d’une «campagne guérilla coordonnée» sur la plateforme d’origine chinoise TikTok, qui a démenti les allégations mais a été placée sous surveillance renforcée de l’UE. Les services secrets ont dressé des parallèles avec de précédents efforts d’ingérence électorale russe en Europe et recensé «25'000 comptes TikTok» directement associés à sa campagne.

Ils font aussi état d’un compte appartenant à Bogdan Peschir, qui a versé des paiements de 381'000 dollars (environ 335 000 francs) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir Calin Georgescu. Anonyme jusqu’à peu, il a comparé son soutien à celui d’Elon Musk pour Donald Trump.

Lié à l’univers des cryptomonnaies, il est au coeur de l’enquête selon les médias et des perquisitions ont été menées samedi dans le centre du pays. Calin Georgescu a assuré dimanche ne pas le connaître. Un autre responsable d’extrême droite, George Simion, qui a également contesté la décision, a appelé à allumer une bougie devant les bureaux de vote – dans l’espoir «de surmonter cet obstacle inédit en 35 ans de démocratie».