Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a nommé samedi au poste de premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication du gouvernement dissous la veille, selon un décret présidentiel lu à la télévision d’État.
Vendredi, le capitaine Traoré avait démis de ses fonctions le premier ministre Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla et dissout le gouvernement, sans fournir aucun motif.
Figure civile du pouvoir militaire
Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, journaliste, a occupé par le passé les fonctions de rédacteur en chef puis de directeur de la télévision publique burkinabè.
À la suite du coup d’État porté en septembre 2022 par le capitaine Traoré dont il est très proche, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a été nommé ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Il a été reconduit lors des trois remaniements, dont le dernier l’avait élevé au rang de ministre d’État.
Contexte politique instable
Le Burkina Faso est plongé dans une instabilité politique depuis début 2022 où le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est emparé du pouvoir par un coup d’État contre le président Roch Marc Christian Kaboré. Il a été évincé lors d’un second putsch huit mois plus tard, orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré, toujours au pouvoir.
Alliance des États du Sahel
Avec le Mali et le Niger, également dirigés par des juntes militaires, le Burkina a notamment tourné le dos à la France pour former une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES).
Violences et déplacements de population
Le Burkina est également confronté à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes et près de deux millions de burkinabè sont déplacés à cause du conflit.
Ces violences ont fait plus de 26 000 morts au Burkina depuis 2015, civils et militaires, dont plus de 13 500 depuis le coup d’État de septembre 2022, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits dans le monde.
Défis à venir pour le nouveau premier ministre
Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, en tant que nouveau premier ministre, devra faire face à plusieurs défis majeurs, notamment :
- Stabiliser la situation politique
- Lutter contre les groupes armés jihadistes
- Gérer la crise humanitaire liée aux déplacements de population
- Renforcer les relations avec les pays voisins et les partenaires internationaux
Sa nomination marque un tournant dans la gestion du pouvoir au Burkina Faso, où la figure civile qu'il incarne pourrait apporter une nouvelle dynamique à la gouvernance du pays.