Au sein de l'établissement pénitentiaire de Jirice, au nord-est de Prague, un projet unique de réinsertion permet à des détenus de former des chiots destinés à devenir des chiens guides d'aveugles. Zeus et Zirkon, deux labradors chocolat âgés de seulement deux mois, courent après une peluche dans cette prison tchèque, sous la supervision de deux détenus en fin de peine.
Des chiots, un lama et des kangourous
Un projet de réinsertion innovant
David Hejny, condamné pour trafic de stupéfiants et traite d'êtres humains, est l'un des deux détenus chargés de l'éducation de ces futurs chiens guides. Âgé de 34 ans, il témoigne des bienfaits mentaux de cette activité : « C'est bénéfique sur le plan mental », déclare-t-il. « Faire cela pour une noble cause, aider les aveugles, est une mission agréable qui responsabilise et permet de prendre soin d'un autre être. »
Un environnement unique pour les chiots
Arrivés début novembre, ces chiots vont rester un an dans leur famille d'accueil un peu spéciale de l'établissement pénitentiaire de Jirice. « On les socialise, on leur apprend à être affectueux et à se familiariser avec le monde qui les entoure », explique Roman Farkas, l'encadrant, par une matinée froide et brumeuse.
Sur les 800 détenus purgeant toutes sortes de peines, seuls 29 vivent dans des maisons sans barreaux, les seules de ce type en République tchèque, ouvertes en 2017 sur un modèle observé en Norvège. Sélectionnés avec soin, ils sont habilités à travailler dans le jardin et à s'occuper des animaux - dont un lama et des kangourous. Deux d'entre eux, en fin de peine, David Hejny et Marek Kolar, sont chargés des futurs chiens guides.
Des progrès prometteurs
Alors que Zeus, l'élève à quatre pattes de David Hejny, peut déjà s'asseoir et donner la patte, son frère dissipé Zirkon, celui de Marek Kolar, renifle tout autour de lui en remuant joyeusement la queue. « C'est un sacré diable et ça va être dur », lance en le câlinant Marek Kolar, son maître de 31 ans en combinaison bleue. Condamné pour vol et trafic de drogue, il est autorisé à aller jusqu'à la capitale pour familiariser son protégé au métro.
« Je serai libéré avec lui en octobre 2025 », dit-il, heureux qu'on le laisse sortir sans surveillance dans le cadre de ce projet inspiré d'un programme américain similaire, qui a déjà permis de former 12 animaux.
Vertu thérapeutique
Les animaux ont une « vertu thérapeutique », explique l'éducateur spécialisé Roman Farkas. C'est un « programme anti-stress » qui « stimule » aussi les « capacités de travail » des détenus, bientôt amenés à se réinsérer dans la société.
Alors que le taux de récidive atteint 70% au niveau national, il n'est que de 17% dans la prison ouverte de Jirice, où Marek Kolar se sent « moins seul » en « s'occupant des chiots », une activité qui « redonne le sourire ». « En prison », rappelle-t-il, « on ne choisit pas toujours qui on croise, pas vrai? Alors qu'on a toujours envie de jouer avec un chien! »
Son codétenu est « triste » à l'idée de devoir rester deux mois de plus en privation de liberté après avoir rendu Zeus, car il lui reste 14 mois à purger. « Mais quand je sortirai, j'achèterai un chiot », assure-t-il.
Un programme inspiré des États-Unis
Ce projet de réinsertion s'inspire d'un programme américain similaire, qui a déjà permis de former 12 animaux. Les détenus sélectionnés pour ce programme sont soigneusement choisis et bénéficient d'un environnement unique qui favorise leur réinsertion future.
En conclusion, ce projet innovant ne se contente pas de former des chiens guides d'aveugles, mais offre également une opportunité de réinsertion et de thérapie pour les détenus, tout en contribuant à une noble cause.