Malgré des réformes menées ces dernières années, les élèves français font toujours partie des derniers de la classe en mathématiques et en sciences dans l'Union européenne, selon une étude internationale.
Les petits Français toujours parmi les derniers de la classe en maths
En mathématiques, en CM1, la France reste en queue de peloton de l'Union européenne, selon l'étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) publiée mercredi par l'Association internationale pour l'évaluation de la réussite éducative (IEA), association internationale regroupant des organismes de recherche.
Résultats en mathématiques et en sciences
Les CM1 français affichent un score de 484 points en maths et 488 en sciences, sous la moyenne des pays de l'UE (524 en maths, 518 en sciences). L'enquête réalisée en mai 2023 a évalué des dizaines de milliers d'enfants en CM1 et 4e, dans 22 pays de l'UE et d'autres pays de l'OCDE, dont environ 4500 pour chaque niveau en France. Seul le Chili arrive derrière la France, si on élargit aux pays de l'OCDE. Un constat comparable à celui de 2019.
Réactions du ministère de l’Éducation nationale
Le ministère de l’Éducation nationale met en avant la stabilité des résultats, alors que «les élèves ont été impactés par la crise du covid» et que «d'autres pays de l'UE baissent d'une manière significative».
«C'est peut-être lié au fait que les écoles ont été moins fermées qu'ailleurs», mais c'est aussi «peut-être malgré tout le résultat du Plan mathématiques et de la formation délivrée aux professeurs des écoles», ajoute-t-on. Lancé en 2018, le Plan mathématiques, inspiré d'un rapport des mathématiciens Cédric Villani et Charles Torossian, vise à améliorer le niveau en mathématiques en France, via notamment le renforcement de la formation continue des professeurs.
Formation des enseignants
«On a 45'000 professeurs des écoles formés par an», se félicite-t-on au ministère, en dépit du manque d'impact visible dans les résultats TIMSS. Le ministère met aussi l'accent sur d'autres actions annoncées plus récemment, dont de nouveaux programmes du CP à la 6e en français et maths qui entreront en vigueur à la rentrée 2025 ou la mise en place depuis la rentrée 2024 de «groupes de besoin» en français et maths au collège.
Inégalités sociales et de genre
L'étude souligne, par ailleurs, que la France fait partie des pays de l'UE et de l'OCDE les plus inégalitaires socialement en maths en CM1, avec un grand écart entre élèves très favorisés et très défavorisés.
Autre fait notable: les inégalités se sont fortement creusées entre garçons et filles en maths, avec l'écart le plus important des pays de l'UE. En maths, en CM1, cet écart passe de treize points en 2019 à 23 points en 2023 en faveur des garçons. En sciences, où il était non significatif en 2019, il est de huit points. «Nous avons à travailler sur la façon dont les filles se représentent les mathématiques», admet le ministère.
Une étude de l'Institut des politiques publiques avait souligné en début d'année que les filles avaient de moins bons résultats en maths dès le CP, posant la question du «poids des stéréotypes de genre qui pèsent sur les élèves».
Résultats en quatrième
En quatrième, la France reste aussi sous la moyenne de l'UE et de l'OCDE en maths. Elle est en bas de classement avec le Portugal, devant le Chili. En sciences, elle se situe également sous la moyenne internationale. Contrairement au CM1, l'écart de score entre filles et garçons reste stable en maths en 4e. Mais les écarts s'accroissent entre les élèves les moins performants et les plus performants, alors que la France reste traditionnellement l'un des pays de l'OCDE où le poids de l'origine sociale dans la réussite des élèves est le plus fort.
Études complémentaires
Publiée il y a un an, la dernière étude Pisa de l'OCDE évaluant les performances scolaires de 81 pays avait pointé une baisse «historique» du niveau en mathématiques et un fort recul en compréhension de l'écrit en France, dans le sillage d'une baisse globale au niveau international.
L'IEA publie aussi l'étude Pirls, qui évalue les compétences en lecture et compréhension. Selon la dernière publication de cette étude, en 2023, les compétences des CM1 français se sont stabilisées en 2021, malgré la crise du covid, mais restent là aussi sous la moyenne européenne.
L'écart se creuse entre les filles et les garçons
Les inégalités entre garçons et filles en mathématiques sont particulièrement préoccupantes. En CM1, l'écart de performance en faveur des garçons a presque doublé en quatre ans, passant de 13 points en 2019 à 23 points en 2023. En sciences, un écart de 8 points est également observé, alors qu'il était non significatif en 2019.
Sous la moyenne en 4e aussi
En quatrième, la France reste sous la moyenne de l'UE et de l'OCDE en mathématiques et en sciences. Contrairement au CM1, l'écart de score entre filles et garçons reste stable en maths en 4e. Cependant, les écarts de performance entre les élèves les moins performants et les plus performants continuent de s'accroître, soulignant le poids de l'origine sociale dans la réussite scolaire en France.
Ces résultats mettent en lumière les défis persistants auxquels est confronté le système éducatif français, malgré les efforts de réforme et de formation des enseignants. Les inégalités sociales et de genre restent des obstacles majeurs à surmonter pour améliorer les performances des élèves en mathématiques et en sciences.