Logo webradio media

Chaos au Parlement sud-coréen après l'instauration de la loi martiale


Des militaires ont tenté de pénétrer dans le Parlement, mais ont été repoussés par le personnel. Une résolution demandant le retrait de la loi martiale a été adoptée.

Chaos au Parlement sud-coréen après l'instauration de la loi martiale

La nuit dernière, le Parlement de Corée du Sud a été le théâtre d'un chaos sans précédent. Environ 280 militaires ont fait irruption dans l’institution, mais ils se sont heurtés à la résistance des employés, qui ont saisi tout ce qui leur tombait sous la main pour barricader les entrées et les empêcher de pénétrer dans l’hémicycle.

Peu après l’annonce de l’instauration de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol tard mardi, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, des hélicoptères ont déposé des troupes lourdement armées dans l’enceinte du Parlement, selon des images de vidéosurveillance diffusées mercredi.

Intrusion militaire et résistance du personnel parlementaire

Des soldats escaladent les clôtures et brisent les fenêtres

D’autres soldats ont escaladé les clôtures de l’enceinte gouvernementale après minuit, a déclaré Kim Min-ki, le secrétaire général de l’Assemblée, lors d’un point de presse. Ils ont ensuite brisé des fenêtres pour pénétrer dans le bâtiment, a-t-il ajouté, qualifiant cette action d’intrusion «inconstitutionnelle et illégale». «Nous identifierons les dommages physiques et les pertes causés par la déclaration de la loi martiale et demanderons des comptes aux responsables par le biais d’une action en justice», a-t-il promis.

Résistance acharnée des employés du Parlement

Environ 280 militaires ont fait irruption dans l’institution, selon Kim Min-ki, mais ils se sont rapidement heurtés à la résistance des employés, qui ont saisi tout ce qui leur tombait sous la main pour barricader les entrées et empêcher les troupes de pénétrer dans l’hémicycle. Des images ont montré des dizaines de soldats tentant d’entrer dans le bâtiment, avant d’être repoussés.

Les soldats «ont illégalement bouclé l’Assemblée nationale après avoir déclaré la loi martiale, violant la Constitution et la loi en interdisant aux députés d’entrer dans l’Assemblée» et «infligeant de profondes blessures au cœur du peuple», a encore déclaré Kim Min-ki.

Confrontation entre une porte-parole et un soldat

Lors d’une scène hallucinante, An Gwi-ryeong, une porte-parole du Parti démocrate (opposition), a affronté un soldat, tentant de s’emparer de son fusil. La lutte a duré plus de dix secondes, et après qu’elle a relâché l’arme, le soldat l’a brièvement pointée sur elle. Sans se laisser décourager, An Gwi-ryeong, une ancienne présentatrice de journaux télévisés, a crié: «Vous n’avez pas honte?», a-t-on pu voir sur les images de l’échauffourée.

«Je n’ai pas eu d’autre choix que de les empêcher d’entrer dans le bâtiment principal parce qu’une résolution était présentée pour bloquer la loi martiale», a expliqué An Gwi-ryeong à l’AFP mercredi.

Selon la constitution sud-coréenne, si le Parlement demande la levée de la loi martiale, le président est tenu d’obtempérer. Des experts ont émis l’hypothèse que les soldats avaient été envoyés pour tenter de faire échouer le vote. «J’ai craint pour ma vie», a confié An Gwi-ryeong à propos de la confrontation.

Police et députés dans la tourmente

Pendant que des soldats tentaient de pénétrer dans le bâtiment en brisant les fenêtres et en escaladant les façades, la police a verrouillé les portes de l’Assemblée, interdisant même aux députés d’entrer. «Certains députés ont dû escalader la clôture pour entrer et voter la résolution», a indiqué à l’AFP Shin Chang-sik, député de l’opposition.

Cependant, tous n’ont pas réussi à entrer dans le bâtiment. Lee Jun-seok, également député de l’opposition, a été bloqué par les rangées de policiers qui gardaient les portes. «Vous êtes en train d’entraver les fonctions officielles d’un législateur», a-t-il alors lancé.

Barricades et retrait des soldats

Une fois les soldats dans les murs du Parlement, ils ont constaté que les portes de l’hémicycle étaient barricadées par des piles de meubles érigées par le personnel parlementaire, comme l’ont montré les images de vidéosurveillance.

On peut également voir des soldats se précipitant vers la porte barricadée, armes pointées vers le personnel parlementaire non armé, qui continuait à empiler des chaises et des bureaux sur leur passage. «Rentrez chez vous, bande de salauds!», a crié un membre du personnel, tandis qu’un autre a lancé un extincteur en direction des soldats.

Ce n’est qu’après l’adoption de la résolution demandant le retrait de la loi martiale, vers 01h00 du matin locales (17h00 en Suisse), que les soldats ont commencé à battre en retraite. Une heure plus tard, ils s’étaient complètement retirés, laissant derrière eux des vitres brisées et des meubles cassés, mais sans avoir tiré un seul coup de feu.