En près de onze ans à la tête de PSA puis de Stellantis, après la fusion avec Fiat-Chrysler en janvier 2021, Carlos Tavares a enregistré des records, avec notamment un bénéfice net à 18,6 milliards d’euros (17 milliards de francs) en 2023. Cependant, le groupe a sévèrement calé, perdant des parts de marché en Europe et en Amérique du Nord, en raison de prix trop élevés face à des consommateurs hésitants.
La fin d'une ère pour Carlos Tavares à la tête de Stellantis
Le patron «le mieux payé du CAC 40» vient de quitter la tête du géant de l'automobile après des années de succès et une fin de mandat plus délicate en termes de chiffres. Retour en chiffres sur les raisons de la chute du patron emblématique du cinquième groupe automobile mondial.
Une marge opérationnelle record en 2023
12,8%, c’est la marge opérationnelle record enregistrée par le groupe aux quatorze marques américaines, françaises, italiennes et allemandes en 2023, au même niveau que le champion des voitures premium Mercedes-Benz. Au premier semestre 2024, elle était encore de 10%, mais début octobre Stellantis a revu ses objectifs, tablant sur une marge entre 5,5% et 7% pour 2024, largement en deçà de l’objectif à deux chiffres initialement fixé.
Des ventes en baisse malgré une année faste
6,2 millions, c’est le nombre de véhicules vendus par le groupe en 2023, année faste sur le plan financier. Plus des deux tiers – 4,5 millions – ont été écoulés en Europe et en Amérique du Nord. Mais depuis le début de l’année les ventes ont chuté: -27% au troisième trimestre par rapport à l’an dernier dans le monde et -20% en Amérique du Nord. Seul le «troisième moteur» – l’Amérique du Sud et le Moyen-Orient – a continué à progresser.
Des parts de marché en déclin en Europe
15,7%, c’est la part de marché de Stellantis en Europe (Royaume-Uni compris) depuis le début de l’année 2024. Alors que Volkswagen ou Renault se sont maintenus, le groupe a concédé énormément de terrain en un an, puisqu’il représentait 17,1% du marché en 2023. Sur les neuf premiers mois de l’année, ses ventes ont reculé de 7,1% sur le Vieux-Continent, affectées par les débandades de Fiat (-16,7%) et d'Opel-Vauxhall (-8,4%).
Une action en chute libre
-57,2%, c’est la baisse de la valeur de l’action Stellantis depuis le sommet à 27,19 euros (25 fr. 28) atteint en mars 2024. Après les annonces de résultats en baisse, elle a perdu plus de la moitié de sa valeur. Lundi, au lendemain de l’annonce du départ du PDG, elle dévissait encore de 6,3% à 15 heures, à 11,73 euros (10 fr. 90).
Des réductions d'effectifs significatives
258'275, c’est le nombre d’employés de Stellantis dans le monde en 2023, dont plus de 135'000 en Europe et 81'000 en Amérique du Nord. C’est 23'000 de moins qu’en 2021. Selon la direction, cette réduction des effectifs de 8,1% en deux ans est liée à «des effets de périmètre» et pas au programme de réduction des coûts drastique appliqué par Carlos Tavares.
Une rémunération record pour Carlos Tavares
36'494'025 euros, c’est la rémunération de Carlos Tavares au titre de l’année 2023, dont 93% était conditionnée par la réalisation de certains objectifs, faisant de lui le patron le mieux rémunéré du CAC 40. Sa rémunération fixe s’est établie à 2,6 millions d’euros (2,41 millions de francs).
En conclusion, malgré des années de succès et des records financiers, Carlos Tavares quitte la tête de Stellantis dans un contexte de chute des ventes, de perte de parts de marché et de baisse significative de la valeur de l’action. Le géant de l'automobile devra maintenant trouver un nouveau leader capable de redresser la barre.