Georges Abdallah est libre, après 40 ans derrière les barreaux. Le militant libanais propalestien, condamné dans les années 1980 pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien et considéré comme l’un des plus anciens détenus de France, a quitté sa prison dans la nuit vendredi et sera bientôt de retour au Liban.
Sur les coups de 03H40 vendredi, un convoi de six véhicules, dont deux vans noirs et la voiture du préfet des Hautes-Pyrénées, s’est élancé du centre pénitentiaire de Lannemezan, gyrophares allumés, a constaté une équipe de l’AFP, sans pouvoir apercevoir le militant à la barbe désormais blanche. Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP que l’ancien instituteur d’aujourd’hui 74 ans était bien sorti de la prison.
Un départ discret et sécurisé
Transfert vers l'aéroport
Il devait ensuite être amené à l’aéroport de Tarbes afin de prendre un vol pour Roissy, selon une source au sein des forces de l’ordre. Il pourrait ensuite décoller pour Beyrouth dès vendredi matin.
Réactions de l'avocat
«C’est à la fois une joie pour lui, un choc émotionnel et une victoire politique après tout ce temps», a confié à l’AFP son avocat Jean-Louis Chalanset, après le départ du convoi. «Il aurait dû sortir il y a tellement longtemps», a-t-il ajouté.
Conditions de libération
La semaine dernière, la cour d’appel de Paris avait ordonné sa libération «à compter du 25 juillet», à condition qu’il quitte le territoire français et n’y revienne plus. Il était libérable depuis 1999 mais avait vu jusque-là sa dizaine de demandes échouer.
Derniers jours en prison
Selon Me Chalanset, qui l’a vu une dernière fois dans sa prison jeudi, «il semblait très heureux de sa prochaine libération, même s’il sait qu’il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes».
Ces derniers jours, Georges Abdallah a donc vidé sa cellule, décorée d’un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres, qu’il a confiés à son petit comité de soutien, dont quelque 200 personnes manifestaient encore devant la prison jeudi après-midi.
Il a aussi donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, et n’emporte qu'»une petite valise», a témoigné son avocat. Ses proches espèrent qu’il sera accueilli au «salon d’honneur» de l’aéroport de Beyrouth.
Retour au Liban
Ce dernier se rendra ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où «un accueil populaire et officiel lui sera réservé», selon sa famille. L’ancien instituteur a toutes ces années nié son implication dans l’assassinat des diplomates, tout en refusant de condamner des «actes de résistance» contre «l’oppression israélienne et américaine».
Avec une petite valise et une longue histoire derrière lui, Georges Abdallah entame un nouveau chapitre de sa vie, loin des barreaux qui l'ont retenu pendant quatre décennies.










