La pétition contre la loi Duplomb approche dimanche de la barre du million de signatures sur le site de l’Assemblée nationale, ravivant les querelles autour de ce texte très contesté qui pourrait être au coeur d’un débat inédit devant le Parlement.
Lancée par une étudiante le 10 juillet, la pétition a franchi dimanche à la mi-journée les 860'000 signatures. Ce mouvement suscite un engouement inédit, abondamment relayé sur les réseaux sociaux par des personnalités comme Pierre Niney et des députés de gauche. Le rythme des signatures s’est accéléré ce week-end, témoignant de l'importance de l'enjeu pour de nombreux citoyens.
Une mobilisation citoyenne sans précédent
Un soutien massif et diversifié
Le texte de l’étudiante de 23 ans, Eléonore Pattery, a réussi à fédérer une large audience, incluant des célébrités et des figures politiques. Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a notamment appelé le président et le Premier ministre à entendre «la colère populaire contre cette loi passée en force» et à renoncer à sa promulgation.
Les enjeux de la loi Duplomb
La loi Duplomb, autorisant la réintroduction d’un pesticide controversé, a été adoptée le 8 juillet au Parlement. Elle prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe. Ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale.
Cependant, les apiculteurs mettent en garde contre «un tueur d’abeilles». Ses effets sur l’humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d’études d’ampleur.
Les réactions des opposants et partisans
L’ensemble des partis de gauche ont appelé samedi à la tenue de ce débat inédit. «Face aux lobbies, nous sommes des millions: l’écologie contre-attaque», s’était félicitée sur X la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.
À l’inverse, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, premier syndicat agricole, très favorable à la loi Duplomb, estime que l’agriculture française «disparaîtra» si on lui impose «des normes supérieures» à celles de ses voisins européens.
Les étapes à venir
A partir du seuil des 500'000 signatures atteint samedi, et à condition qu’elles soient issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer, la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut décider d’organiser un débat en séance publique. Mais la loi ne sera pas réexaminée sur le fond et encore moins éventuellement abrogée.
Aucune pétition n’a jamais été débattue dans l’hémicycle dans l’histoire de la Ve République.
Une absence de débat critiquée
La pétition réclame également «la révision démocratique des conditions dans lesquelles la loi Duplomb a été adoptée». Au Parlement, elle avait en effet connu un parcours expéditif avec une motion de rejet préalable, déposée par son propre rapporteur Julien Dive (LR) pourtant favorable au texte. Le député l’avait justifié en dénonçant «l’obstruction» de la gauche, qui avait déposé plusieurs milliers d’amendements.
L’absence de réel débat dans l’hémicycle est l’un des arguments avancés par les députés de gauche qui ont déposé un recours le 11 juillet devant le Conseil constitutionnel, espérant sa censure pour vice de procédure, ce qui pourrait empêcher sa promulgation.
Une pétition relayée en masse sur les réseaux
Le rythme des signatures s’est accéléré ce week-end, témoignant de l'importance de l'enjeu pour de nombreux citoyens. La mobilisation sur les réseaux sociaux a joué un rôle crucial dans cette dynamique, permettant de sensibiliser un large public et de rallier de nombreux soutiens.
La pétition contre la loi Duplomb continue de faire parler d'elle et pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les citoyens s'engagent et se mobilisent pour influencer les décisions politiques.