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Exécutions de civils druzes à Soueida par les forces syriennes


Les forces gouvernementales syriennes accusées d'avoir tué 21 civils druzes. Israël réagit par des frappes aériennes.

Exécutions de civils druzes à Soueida par les forces syriennes

Les forces gouvernementales syriennes ont été accusées d'avoir exécuté une vingtaine de civils druzes après leur déploiement dans la ville de Soueida, dans le sud de la Syrie. Cette action a suscité une vive réaction de la part de la communauté internationale, notamment d'Israël, qui a bombardé les forces gouvernementales syriennes en réponse à leur entrée dans la ville.

L'Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté que 21 civils druzes ont été «exécutés» par les forces gouvernementales, dont douze personnes tuées après la «prise d’assaut» d’une maison d’hôtes de la ville. Une vidéo non authentifiée circulant sur les réseaux sociaux montrait au moins 10 personnes en civil couvertes de sang à l’intérieur de la maison d’hôtes, certaines allongées au sol.

Les forces syriennes accusées d’avoir exécuté des civils druzes

Déploiement des forces gouvernementales à Soueida

Les forces syriennes se sont déployées mardi matin dans la ville de Soueida, jusque-là tenue par des combattants druzes locaux. Cette action faisait suite à des violences entre groupes druzes et bédouins qui ont fait plus de cent morts depuis dimanche. Le pouvoir islamiste cherchait à étendre son autorité dans la région.

Réaction d'Israël

Israël, qui assure vouloir défendre la communauté druze, majoritaire dans cette ville d’environ 150’000 habitants, a bombardé les forces gouvernementales après leur entrée à Soueida. La Syrie a dénoncé ces frappes. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le ministre de la Défense, Israël Katz, ont déclaré conjointement que «nous agissons pour empêcher le régime syrien de leur nuire (aux druzes) et pour garantir la démilitarisation de la zone adjacente à notre frontière avec la Syrie».

Témoignages et rapports de l'ONG

L’ONG a également rapporté qu’un groupe armé lié aux forces gouvernementales avait exécuté «quatre civils druzes, dont une femme», dans un village voisin, et qu’un autre groupe avait abattu trois hommes en présence de leur mère. Un correspondant de l’AFP, entré à Soueida peu après les forces gouvernementales, a vu des corps gisant au sol alors que des coups de feu résonnaient par intermittence dans la ville déserte, placée sous couvre-feu.

«Je me trouve dans le centre de Soueida», a déclaré au téléphone à l’AFP un habitant terré chez lui, qui n’a pas dévoilé son identité. «Il y a des exécutions, des maisons et des magasins qui sont brûlés, des vols et des pillages». Rayan Maarouf, rédacteur en chef du site local Suwayda 24, a affirmé à l’AFP que «les forces gouvernementales sont entrées dans la ville sous prétexte de rétablir la sécurité (…) mais malheureusement elles se sont livrées à des pratiques sauvages», parlant de «dizaines» de civils tués.

Réactions internationales

L’émissaire américain en Syrie, Tom Barrack, a jugé «inquiétantes» ces violences et dit œuvrer «avec toutes les parties» pour un retour au calme. Ces violences illustrent les défis auxquels fait face le pouvoir intérimaire d’Ahmad al-Chareh depuis qu’il a renversé, avec une coalition de groupes rebelles sunnites, le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.

Contexte des violences

La province de Soueida abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l’islam qui comptait quelque 700.000 membres en Syrie avant la guerre civile, et est aussi implantée au Liban et en Israël. Les violences avaient éclaté dimanche entre des combattants druzes et des tribus bédouines, aux relations tendues depuis des décennies. Selon l’OSDH, ces violences ont fait 203 morts.

Situation confuse et cessez-le-feu fragile

Malgré un cessez-le-feu annoncé par les autorités, la situation restait confuse dans la ville. Le ministère de l’Intérieur a annoncé dans la soirée que des affrontements se poursuivaient «dans certains quartiers» de Soueida et affirmé que les accords passés avec les chefs religieux pour rétablir le calme avaient été «violés».

Impact sur les minorités

Après la chute de Bachar al-Assad, les violences meurtrières en mars contre la communauté alaouite, dont est issu l’ex-président, puis contre les druzes, ainsi qu’un attentat contre une église à Damas en juin, ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir syrien à protéger les minorités.

Ces événements soulignent les défis complexes auxquels la Syrie est confrontée dans sa quête de stabilité et de protection des droits de ses minorités.