Les négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique à Busan, en Corée du Sud, sont dans une impasse critique. Plus de 170 pays ont jusqu’à dimanche soir pour parvenir à un accord, mais des désaccords persistants font craindre un échec.
Plusieurs délégations ont exprimé samedi leurs inquiétudes quant à la possibilité d’un échec des négociations, faute de consensus à la veille de la date butoir. La «Coalition des hautes ambitions», un groupe d’une soixantaine de pays favorable à un traité fort, s’oppose à un petit groupe de pays producteurs de pétrole, comme la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui souhaitent que le traité se concentre uniquement sur la gestion des déchets et le recyclage.
Désaccords et Tensions
Coalition des Hautes Ambitions vs Producteurs de Pétrole
La Coalition des hautes ambitions insiste sur un traité qui couvre l’ensemble du cycle de vie du plastique, de la production aux déchets. Plus de cent pays se sont ralliés à une proposition du Panama visant à inscrire dans le traité le principe d’une réduction de la production de plastique.
«Nous sommes un grand groupe qui est en train de s’unir autour d’éléments clés, efficaces, et qui est prêt à claquer la porte», a déclaré un diplomate de la coalition. En revanche, les pays producteurs de pétrole estiment que le traité doit se limiter à la gestion des déchets et au recyclage.
Possibilité d'un Vote
Certains pays évoquent la possibilité de soumettre le traité à un vote, au lieu de l’adoption par consensus habituelle pour ce type d’accord international. Le chef de la délégation de la République démocratique du Congo, J.M. Bope Bope Lapwong, a exprimé ses préoccupations : «Je dis oui, parce qu’il y a moins de flexibilité auprès des délégués de certains pays».
«Je pense que si nous ne parvenons pas à un accord, nous serons obligés d’aller au vote, nous ne pouvons pas faire tout ce chemin, tous ces kilomètres, pour échouer», a-t-il ajouté.
Réactions des Délégations
Le chef de la délégation du Panama, Juan Carlos Monterrey, a déclaré : «L’écrasante majorité des délégués des pays ici présents réclament un traité très ambitieux».
«S’il n’y a pas réduction de la production, il n’y a pas de traité», a-t-il ajouté. «Nous ne pouvons pas laisser quelques voix criardes faire dérailler le processus. Nous ne pouvons pas laisser quelques voix criardes nous condamner à une planète complètement polluée par le plastique».
Les délégations russe et saoudienne, sollicitées à plusieurs reprises par l’AFP, se sont refusées à tout commentaire.
Position de la France
Une source du ministère français de la Transition écologique a déclaré : «On souhaite trouver un accord, et on pense que c’est tout à fait possible d’ici la date limite».
«Il peut se passer beaucoup de choses en 24 heures». «Nous ne souhaitons pas sortir du cadre des Nations Unies».
«Un vote, c’est-à-dire un traité qui ne serait adopté que par quelques-uns ou même par une majorité de pays, sortirait du cadre multilatéral (...) Nous souhaitons trouver un accord avec tous les pays».
Réactions des Organisations de Défense de l'Environnement
La possibilité d’un fiasco des négociations de Busan inquiète les organisations de défense de l’environnement, massivement présentes à Busan.
«Nous demandons aux négociateurs de s’engager et de tenir la ligne», a déclaré Graham Forbes, chef de la délégation de Greenpeace. «Je pense que nous sommes à un moment très risqué, où nous risquons d’être trahis. Et ce serait une catastrophe absolue».
Samedi, un groupe de militants de Greenpeace a abordé un pétrolier. Quatre d’entre eux ont escaladé l’un des mâts et se sont installés au sommet en déployant une banderole réclamant un «traité fort sur le plastique», tandis que d’autres, depuis un canot pneumatique, peignaient «Le plastique tue» en grandes lettres blanches sur la coque.