Le Parlement européen se prononce jeudi midi sur une motion de censure contre Ursula von der Leyen, sans risque pour la présidente de la Commission, mais qui permettra de mesurer les équilibres politiques à Strasbourg. La motion devrait recevoir le soutien d’une large partie de l’extrême droite, qui en est à l’initiative. Mais peut-être pas des Italiens du parti de Giorgia Meloni, plus conciliants avec Mme von der Leyen.
Une motion de censure symbolique
Soutien de l'extrême droite
«C’est l’heure de vérité: d’un côté, l’élite impériale bruxelloise, de l’autre, les patriotes et le bon sens. Pas d’esquive, un choix s’impose», a réclamé sur les réseaux sociaux le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, en conflit ouvert avec Bruxelles. La droite (PPE) fera bloc autour de la présidente de la Commission, issue de ses rangs.
Position des autres partis
Malgré des tensions au sein du camp dit «pro-européen», les sociaux-démocrates et les centristes n’ont pas l’intention de renverser Ursula von der Leyen et devraient se partager entre abstentions et soutiens à la cheffe de l’exécutif. Et au sein de la gauche radicale, «l’écrasante majorité» du groupe ne prendra pas part au vote, même si certains pourraient voter en faveur de la censure.
Débat agité à Strasbourg
Dans ces conditions, la motion est vouée à l’échec. Elle a toutefois donné lieu à un débat agité lundi à Strasbourg. Ursula von der Leyen y avait taxé les initiateurs de la motion «d’extrémistes», «antivaccins» et admirateurs «de Poutine», et avait tenté de remobiliser la majorité «pro-européenne». La dirigeante allemande n’a pas pour autant échappé aux critiques de la gauche et du centre, qui lui reprochent sa gestion trop verticale et accusent le PPE de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux remettre en cause des lois environnementales.
«Qui sont vos alliés dans ce Parlement? (...) L’agenda européen patine», la Commission «est trop centralisée et sclérosée», lui a lancé la cheffe des centristes Valérie Hayer. C’est un eurodéputé roumain d’extrême droite, Gheorghe Piperea, qui a initié la motion de censure pour fustiger notamment le manque de transparence de la cheffe de la Commission dans le «Pfizergate».
Le «Pfizergate» au cœur des critiques
Mme von der Leyen n’a jamais rendu public un échange de SMS avec le PDG de Pfizer Albert Bourla pendant la pandémie de Covid, quand l’Union européenne négociait l’achat de vaccins auprès de ce laboratoire américain. L’affaire a valu à la Commission des plaintes de diverses associations et personnalités opposées aux vaccins, ainsi que du New York Times qui a cherché en vain à accéder aux messages en question.
En conclusion, cette motion de censure, bien que symbolique, met en lumière les tensions politiques au sein du Parlement européen et les défis auxquels fait face Ursula von der Leyen. Malgré le soutien de son propre camp, les critiques internes et externes montrent que la gestion de la Commission européenne reste un sujet de débat intense.