Un tribunal en Corée du Sud a émis jeudi un nouveau mandat d’arrêt contre l’ex-président Yoon Suk Yeol pour avoir tenté d’imposer la loi martiale en décembre 2024. Cette décision, rapportée par l’agence de presse Yonhap, marque un tournant significatif dans l’affaire judiciaire qui entoure l’ancien chef de l’État.
Nam Se-jin, un juge du tribunal du district central de Séoul, a émis le mandat, craignant que l’ancien président puisse détruire des preuves. Yoon Suk Yeol a ainsi été placé en détention pour la seconde fois, selon l’agence.
Contexte et Déroulement des Événements
Première Arrestation et Destitution
Yoon Suk Yeol a été le premier chef de l’État sud-coréen en titre à faire l’objet d’une arrestation, en janvier, avant d’être remis en liberté en raison de l’annulation de son mandat d’arrêt par un tribunal. Il a ensuite été formellement destitué en avril pour avoir imposé la loi martiale le 3 décembre et déployé l’armée au Parlement.
Audience et Détention
L’ex-président et ses avocats ont assisté mercredi à l’audience et rejeté toutes les accusations, avant que l’intéressé soit emmené au Centre de détention de Séoul, situé à Uiwang, au sud de la capitale, en attendant la décision du tribunal, a indiqué jeudi Yonhap.
Une fois le mandat d’arrêt délivré jeudi, Yoon Suk Yeol, 64 ans, a été placé dans une cellule d’isolement de l’établissement, où il peut être détenu jusqu’à 20 jours pendant que les procureurs se préparent à l’inculper formellement, y compris pour d’autres chefs d’accusation.
Possibilité de Détention Prolongée
«Si Yoon Suk Yeol est inculpé, il pourrait rester détenu jusqu’à six mois après l’inculpation», a déclaré à l’AFP Yun Bok-nam, président de l’association Lawyers for a Democratic Society. «Théoriquement, une libération immédiate est possible, mais dans ce cas, le procureur spécial fait valoir que le risque de destruction de preuves reste élevé et que les accusations sont déjà solidement étayées».
Réactions de Yoon Suk Yeol
Durant son audience mercredi, l’ancien président a déclaré qu’il se battait désormais «seul», ont rapporté les médias locaux. «Le procureur spécial s’en prend maintenant même à mes avocats», a déclaré Yoon Suk Yeol. «L’un après l’autre, ils se retirent, et il se pourrait que je doive bientôt me battre seul».
Au cours de l’audience, l’équipe juridique de Yoon Suk Yeol a critiqué la demande de détention, la jugeant déraisonnable et soulignant que l’ancien président avait été évincé et qu’il «n’avait plus aucune autorité».
Demandes de Mandat d’Arrêt
Le 25 juin, le tribunal avait rejeté une précédente demande de mandat d’arrêt du ministère public, formulée parce que Yoon Suk Yeol avait initialement refusé de comparaître pour être interrogé. Un conseil spécial chargé d’enquêter sur la loi martiale brièvement imposée en décembre avait de nouveau demandé dimanche ce nouveau mandat d’arrêt contre l’ancien président.
Crise Politique de Décembre 2024
En décembre, l’imposition de la loi martiale par un décret de Yoon Suk Yeol avait été décidée selon lui à cause du blocage du budget au Parlement, dominé par l’opposition, pour protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’État».
Sa décision, soutenue par des leaders religieux extrémistes et YouTubeurs d’extrême droite, avait créé une crise politique sans précédent en Corée du Sud. Les activités politiques avaient été interdites et l’armée avait investi le Parlement.
Mais deux heures plus tard, quelque 190 députés avaient réussi à se faufiler dans l’hémicycle, certains après avoir escaladé des clôtures, cependant qu’à l’extérieur, des milliers de personnes exigeaient le départ du président.
Conclusion
Ce nouveau mandat d’arrêt contre Yoon Suk Yeol marque une étape cruciale dans le processus judiciaire en Corée du Sud, où les tensions politiques restent vives. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’ancien président, alors que les procureurs se préparent à formuler des accusations formelles.