Le gouvernement péruvien a reconnu mercredi que la présidente Dina Boluarte, l’une des dirigeantes les plus impopulaires au monde, avait doublé son salaire à un an de la fin de son mandat. Cette augmentation intervient dans un contexte de forte désapprobation populaire et de protestations récurrentes face à la montée du fléau de l’extorsion dans le pays.
Une augmentation de salaire controversée
Agée de 63 ans, la cheffe de l’État percevra désormais l’équivalent de 10’000 dollars (7910 francs suisses) par mois, selon un décret présenté en conférence de presse. Pourtant, le 26 mai, la présidence péruvienne avait démenti dans un communiqué les informations de presse faisant état d’une volonté de Dina Boluarte d’augmenter sa rémunération.
Comparaison avec les rémunérations des chefs d’État d’Amérique latine
Le nouveau montant a été fixé à la suite d’une comparaison avec les rémunérations des chefs d’État de douze pays d’Amérique latine, a expliqué le ministre de l’Économie, Raul Pérez-Reyes. Selon lui, le salaire de Dina Boluarte occupait jusque-là la 11e place, seulement devant celui du président bolivien.
Un taux de désapprobation record
Mais l’annonce passe mal, alors que la présidente Boluarte, en poste depuis décembre 2022, affiche un taux de désapprobation supérieur à 90%. En mai, elle a atteint un niveau de popularité historiquement bas, avec seulement 2% d’opinions favorables, selon l’institut Ipsos.
«C’est le pire moment pour annoncer cette nouvelle compte tenu de ses niveaux d’approbation proches de zéro», a estimé l’économiste Jorge Gonzales Izquierdo sur la chaîne de télévision N.
Selon l’ancien ministre de l’Économie, Luis Miguel Castilla, la mesure «renforce l’impression de frivolité» autour de la présidente. En vingt ans, «aucun président n’a augmenté son salaire», a-t-il rappelé.
Des scandales qui entachent le mandat de Dina Boluarte
Le mandat de Dina Boluarte est en outre entaché par plusieurs affaires dont le scandale du «Rolexgate», lié à des montres qu’elle n’aurait pas déclaré, ainsi qu’une rhinoplastie gardée secrète, en violation de son obligation légale d’en informer le Parlement.
Réactions et analyses
- Jorge Gonzales Izquierdo, économiste: «C’est le pire moment pour annoncer cette nouvelle compte tenu de ses niveaux d’approbation proches de zéro».
- Luis Miguel Castilla, ancien ministre de l’Économie: «La mesure renforce l’impression de frivolité autour de la présidente. En vingt ans, aucun président n’a augmenté son salaire».
Cette décision controversée risque de renforcer encore davantage l’impopularité de la présidente Boluarte, qui doit faire face à de nombreux défis politiques et sociaux dans un contexte de crise économique et de mécontentement populaire.