Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté «catégoriquement» vendredi un article du quotidien israélien de gauche «Haaretz» selon lequel des soldats israéliens auraient reçu des ordres de tirer sur des civils désarmés attendant de recevoir de l’aide humanitaire à Gaza. Cette réponse fait suite à des accusations graves formulées par le journal, qui a publié un article titré «''C’est un champ de massacre'': des soldats de Tsahal ont reçu l’ordre de tirer délibérément sur des Gazaouis désarmés attendant de l’aide humanitaire».
Dans un communiqué commun publié avec son ministre de la Défense Israël Katz, Netanyahu a déclaré : «L’État d’Israël rejette catégoriquement les accusations odieuses de meurtre rituel publiées dans le journal Haaretz». Il a ajouté que ces accusations étaient des «mensonges malveillants conçus pour salir Tsahal, l’armée la plus morale au monde», en référence à l’acronyme hébreu des Forces de défense d’Israël.
Accusations et réactions
Les accusations de Haaretz
L’article de Haaretz cite plusieurs soldats, sous le couvert de l’anonymat, affirmant avoir reçu de leurs commandants des ordres de tirer sur des foules agglutinées près de centres de distribution d’aide dans la bande de Gaza pour les disperser, même lorsqu’elles ne représentaient aucune menace. Ces accusations ont été publiées après une multiplication de drames en marge de distribution de l’aide humanitaire ayant fait des morts parfois par dizaines depuis la fin du mois de mai.
La réponse de l'armée israélienne
Interrogées par l’AFP, l’armée israélienne a reconnu à plusieurs reprises en pareil cas que des soldats avaient ouvert le feu face à des «suspects» présentant une «menace». Cependant, un porte-parole militaire a indiqué : «Nous rejetons fermement l’accusation soulevée dans l’article» de «Haaretz» : les forces armées «n’ont pas donné l’ordre aux soldats de tirer délibérément sur des civils, y compris ceux qui s’approchent des centres de distribution.»
Enquête interne
Haaretz écrit que «le procureur général militaire a chargé (une structure interne ad hoc de l’armée) d’enquêter sur des crimes de guerre présumés» là où des civils palestiniens ont été tués par des tirs israéliens près de ces centres. Cette enquête vise à faire la lumière sur les événements et à déterminer si des ordres illégaux ont été donnés.
Contexte historique
L’accusation de meurtre rituel est une calomnie antisémite remontant au moins au Moyen Âge selon laquelle les Juifs assassineraient des enfants non juifs pour les besoins de leur culte. Cette accusation a été utilisée à plusieurs reprises au cours de l’histoire pour justifier des persécutions contre les communautés juives.
Multiplication de drames
Les accusations de Haaretz interviennent dans un contexte de multiplication de drames en marge de distribution de l’aide humanitaire à Gaza. Depuis la fin du mois de mai, plusieurs incidents ont fait des morts parfois par dizaines, exacerbant les tensions entre Israël et les Palestiniens.
Ces événements soulignent la complexité et la sensibilité de la situation humanitaire à Gaza, où la distribution de l’aide est souvent marquée par des tensions et des violences. Les accusations et les démentis montrent également la polarisation des opinions sur la conduite de l’armée israélienne et les enjeux éthiques et moraux liés à ses opérations.