Solo, figure emblématique du rap français et membre fondateur du groupe Assassin, a révélé avoir été victime d'agression sexuelle de la part du pionnier américain du hip-hop Afrika Bambaataa. Ces accusations remontent à plusieurs décennies, lors d'un séjour aux États-Unis.
Lors de l'émission «Clique» sur Canal+, Solo a décrit l'impact dévastateur de cette expérience : «Être confronté à un prédateur, surtout à quelqu’un qu’on admire, c’est ce qu’il y a de plus dur», a-t-il déclaré.
Les débuts du hip-hop et les accusations
Un témoin privilégié des débuts du hip-hop
Solo, qui a joué un rôle crucial dans l'introduction du breakdance en France, a eu l'opportunité rare de vivre les débuts du hip-hop aux États-Unis. Il a côtoyé les pionniers du mouvement, dont Afrika Bambaataa, qui l'a hébergé pendant son séjour.
La Zulu Nation et son influence
Afrika Bambaataa est une figure centrale du hip-hop, ayant co-fondé la Zulu Nation en 1973. Cette organisation s'oppose à la violence des gangs de New York et utilise le hip-hop pour promouvoir des valeurs pacifiques.
Les révélations de Solo
Dans son autobiographie «Note mon nom sur ta liste», Solo raconte avoir été témoin d'une scène d'agression sexuelle sur un mineur lors de son séjour chez Afrika Bambaataa. Il décrit ensuite une situation où il se retrouve lui-même victime :
«Un soir, Bambaataa m’appelle dans le salon pendant qu’il mate un porno. Je ressens une gêne, mais je ne bouge pas. À cet instant précis, je comprends que c’est mon tour de devenir son jouet», relate Solo, qui avait alors 17 ans.
Il décrit cet épisode comme un passage «très désagréable et inévitable», sans donner plus de détails sur les faits.
Le chemin vers la reconnaissance
Interrogé sur cet épisode dans l'émission «Clique», Solo parle de «comportements totalement inadéquats» de la part de Bambaataa. Il explique avoir mis «plus de quarante ans» à pouvoir évoquer ces événements, soulignant l'importance du développement personnel et de l'accompagnement pour reconnaître son statut de victime.
Solo précise qu'il était «à mille lieues d’imaginer l’ampleur du phénomène» et qualifie Bambaataa de «prédateur sexuel».
La dissociation de la Zulu Nation
La Zulu Nation, qui regroupe des représentants du hip-hop à travers le monde, s'est dissociée de son leader en 2016, lorsque Afrika Bambaataa a été accusé d'agressions sexuelles sur mineur, accusations qu'il a niées. Un procès devait se tenir en 2021 suite à une autre plainte, mais l'artiste ne s'y est jamais présenté.
L'AFP a sollicité une réaction de la part d'Afrika Bambaataa sur son compte Instagram, sans obtenir de réponse dans l'immédiat.
Ces révélations mettent en lumière les défis auxquels sont confrontées les victimes d'agressions sexuelles, même des décennies plus tard, et soulignent l'importance de briser le silence pour obtenir justice.