Les jihadistes et leurs alliés, qui mènent une large offensive dans le nord-ouest de la Syrie contre les forces du régime, ont coupé jeudi une route vitale, a indiqué une ONG qui a fait état de près de 200 morts dans les violences. Parmi les victimes figurent au moins 19 civils, tués jeudi dans des frappes de l’aviation russe, alliée du régime syrien, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Il s’agit des plus violents affrontements depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d’Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d’Idleb.
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué que «plus de 14'000 personnes – dont près de la moitié sont des enfants – ont été déplacées» en raison des violences. Le ministère de la Défense syrien a dit faire face à une «vaste attaque» des «organisations terroristes» dans la région d’Alep.
Une offensive jihadiste majeure dans le nord-ouest de la Syrie
L'offensive et ses conséquences
L’offensive a été lancée mercredi par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), aux manettes à Idleb, avec des formations qui leur sont alliées, dont certaines proches de la Turquie. Un correspondant de l’AFP a rapporté de violents affrontements à l’est de la ville d’Idleb, qui s’accompagnent de frappes aériennes de l’armée syrienne.
Les combats, qui se déroulent parfois à moins de 10 km de la métropole d’Alep tenue par le gouvernement, ont fait depuis mercredi près de 200 morts, d’après l’OSDH. Il s’agit de 182 combattants, dont 102 jihadistes, 61 membres des forces du régime et leurs alliés, et 20 civils, selon l’ONG basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Les réactions internationales
Un général des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a été tué jeudi dans les combats, a rapporté une agence de presse iranienne. L’Iran est un allié indéfectible de la Syrie, un pays dans lequel Téhéran s’est engagé militairement avec l’envoi de conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir le président Assad durant la guerre civile syrienne.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, a estimé jeudi que l’offensive actuelle faisait «partie d’un plan diabolique du régime terroriste (Israël, NDLR) et des États-Unis», et appelé à «une action ferme et coordonnée pour empêcher la propagation du terrorisme dans la région».
Les frappes aériennes russes
Outre des tirs de roquettes et «d’intenses tirs d’artillerie», l’OSDH a également indiqué que «l’aviation russe», alliée du régime, «avait intensifié ses frappes aériennes», faisant jeudi 19 morts parmi les civils.
L’analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy, estime que les rebelles «ont tenté d’anticiper la possibilité d’une campagne militaire syrienne dans la région d’Alep, que préparaient les frappes aériennes des gouvernements russe et syrien».
Le contexte du conflit syrien
Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens depuis le déclenchement en 2011 du conflit qui a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.
- Plus de 14'000 personnes déplacées
- L'Iran, soutien de Bachar al-Assad
- Frappes aériennes russes