Les tensions entre la Thaïlande et le Cambodge inquiètent les travailleurs précaires, frappés économiquement et craignant une escalade. «Par pitié, n’utilisez pas les armes»: du côté khmer de la frontière, le regain de tensions entre le Cambodge et la Thaïlande a frappé au porte-monnaie les travailleurs les plus fragiles, qui redoutent un durcissement du conflit. Dans son petit taxi motorisé à trois roues, typique de l’Asie du Sud-Est, cet homme a l’habitude de transporter les employés des casinos qui prospèrent dans cette ville frontalière, principale porte d’accès vers la Thaïlande.
Ses revenus quotidiens ont fondu de 600 bahts thaïlandais (15 euros) à 200 bahts (5 euros), a-t-il constaté, alors qu’il doit 2 000 dollars à une banque. «Par pitié, n’utilisez pas les armes (...) Si le conflit dure un long moment, alors les gens ici vont beaucoup souffrir», a-t-il prédit. Le différend territorial entre le Cambodge et la Thaïlande, qui s’opposent depuis des décennies sur le tracé de leur démarcation, a pris une dimension inédite en près de 15 ans, après la mort d’un soldat khmer lors d’un échange de tirs avec l’armée thaïlandaise, fin mai.
Impact économique et social des tensions frontalières
Fermeture des points de passage et embargo
Les deux gouvernements se sont engagés dans un bras de fer, sur fond de flambée du discours nationaliste, qui a pris de court la population des régions frontalières, sans qu’une désescalade ne soit en vue. Après que Phnom Penh a interdit l’importation de carburant, de fruits et de légumes en provenance de Thaïlande, Bangkok a décidé lundi de fermer les points de passage frontaliers, sauf pour les étudiants et les personnes nécessitant des soins médicaux.
Activités économiques en péril
Longue de plus de 800 kilomètres, la frontière entre les deux royaumes, définie par des accords datant de l’Indochine française, abrite toutes sortes d’activités, certaines illégales, comme les centres d’arnaques en ligne, et d’échanges dépendants des relations entre les deux pays. Idéalement située sur l’axe reliant Bangkok aux temples d’Angkor, Poipet est réputé pour ses casinos, attirant les joueurs thaïlandais, désireux de contourner l’interdiction de parier dans leur pays.
Témoignages de la population locale
Chhan Siyoeung, 54 ans, vend moins de chaussures depuis l’escalade des tensions. «Quand il y a un problème comme celui-là, les gens ne veulent pas dépenser», a-t-elle expliqué. «J’ai tellement peur, mais je n’ai nulle part où aller», a-t-elle poursuivi. Cette commerçante a appelé les deux pays à éviter un affrontement armé: «si on utilise les armes, ce seront les peuples du Cambodge et de la Thaïlande qui souffriront le plus.»
Malgré tout, plusieurs personnes interrogées par l’AFP ont dit soutenir les mesures du gouvernement cambodgien. Le Premier ministre Hun Manet a répété que la balle était dans le camp des Thaïlandais, et qu’il souhait un retour à la normale. «C’est calme. C’est difficile de vendre», a admis Pov Bal, qui vend des fruits à la frontière. «Mais ça devrait aller.»
Points clés du conflit
- Durcissement des tensions frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge.
- Impact économique sur les travailleurs précaires et les commerçants locaux.
- Fermeture des points de passage et embargo sur les importations.
- Appels à la paix et à la désescalade de la part de la population locale.
Les tensions frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge continuent de peser lourdement sur les populations locales, qui espèrent une résolution pacifique du conflit pour retrouver une stabilité économique et sociale.