Dans les cinq plus grandes agglomérations de Suisse — Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich —, la densification du bâti s’est accélérée au cours des deux dernières décennies. En clair, on rénove, on surélève, on réaffecte, mais on essaie de ne pas toucher aux terrains vierges. Dans certaines villes, jusqu’à 63% des nouvelles constructions sont issues de telles transformations, surtout en Suisse romande. Au début des années 2000, elles étaient plutôt l'exception.
Tout ça part d'une bonne intention: préserver la verdure et éviter le mitage du territoire. Mais une récente étude de l'EPFZ, commandée par l'Office fédéral du logement, montre que la démarche a aussi un effet pervers. Celui de faire fuir les ménages à faible revenu. Dans les cas de démolition ou de rénovation complète, ce sont majoritairement eux qui perdent leur logement. À l’inverse, les ménages qui s’installent dans les nouveaux logements ont des revenus supérieurs à la moyenne.
Les impacts sociaux de la densification urbaine
Les ménages à faible revenu, principaux perdants
L'étude révèle que les ménages à faible revenu sont les premiers touchés par les projets de densification. En effet, les rénovations et les démolitions entraînent souvent une augmentation des loyers, rendant les logements inaccessibles pour ces populations. Les nouveaux occupants, quant à eux, appartiennent généralement à des catégories socio-économiques plus élevées.
Les populations vulnérables particulièrement affectées
«Les demandeurs d’asile, réfugiés reconnus et ressortissants d’Afrique sont particulièrement touchés par ces effets d’éviction», précise la Confédération. Ces personnes ont des difficultés à retrouver un logement abordable dans la même agglomération et sont donc, de fait, poussées vers la campagne. Corollaire, les routes et les trains sont davantage mis sous pression.
Conséquences sur les infrastructures de transport
Le déplacement des populations vulnérables vers les zones rurales entraîne une augmentation de la pression sur les infrastructures de transport. Les routes et les trains sont de plus en plus sollicités, ce qui peut entraîner des problèmes de congestion et une augmentation des coûts de transport pour les usagers.
Solutions envisagées pour atténuer les effets négatifs
Pour atténuer les effets négatifs de la densification sur les populations vulnérables, plusieurs solutions peuvent être envisagées:
- Mise en place de quotas de logements sociaux dans les nouveaux projets de construction.
- Subventions pour aider les ménages à faible revenu à accéder à des logements abordables.
- Renforcement des politiques de protection des locataires pour éviter les expulsions abusives.
En conclusion, bien que la densification urbaine soit une stratégie efficace pour préserver les espaces naturels, elle doit être accompagnée de mesures sociales pour éviter de creuser les inégalités. Les autorités locales et fédérales doivent travailler ensemble pour trouver des solutions équilibrées qui bénéficient à tous les segments de la population.