Plus de quatre mois après sa libération, l’Israélo-américain Keith Siegel, qui a passé 484 jours en captivité, se souvient des pires moments vécus dans les tunnels de Gaza. «Il y avait des pics d’anxiété, de peur et la torture de ne pas savoir, l’incertitude de ne pas savoir», se souvient Keith Siegel. «Je me suis fait la promesse que je devais revenir et je ne pouvais pas envisager que je ne reviendrais pas. Je pense que cela m’a donné beaucoup de force pour traverser cette période», dit cet homme de 66 ans dans un entretien à l’AFP.
Enlevé du kibboutz Kfar Aza avec sa femme Aviva, Keith Siegel a passé des mois seul après que son épouse a été libérée, fin novembre 2023, lors d’une première trêve dans la guerre déclenchée par l’attaque du 7 octobre de la même année. Aujourd’hui, il dit n’avoir jamais perdu espoir de la retrouver, avec ses quatre enfants et ses petits-enfants. Mme Siegel, qui a milité sans relâche pour sa libération et celle des autres otages, avait raconté à l’AFP en novembre 2024 ses craintes pour son mari.
Le calvaire de Keith Siegel à Gaza
Violences et tortures
Vêtu d’un t-shirt sur lequel est écrit «Bring Them Home Now», le slogan du Forum des familles d’otages, il dit avoir été victime de violences physiques et sexuelles, mais aussi témoin de tortures sur d’autres otages. Un jour, il se souvient comment son ravisseur, sans avertissement, a sorti une arme et lui a dit: «Maintenant, je vais te tuer». «Puis il m’a dit: «Tu es mort maintenant» et il a éclaté de rire», poursuit M. Siegel.
À deux reprises, raconte-t-il, ses ravisseurs l’ont battu si fort qu’ils lui ont brisé les côtes. Il se souvient aussi des moqueries graveleuses d’un de ses geôliers à propos de ses organes génitaux ou à l’encontre de sa femme.
Détention dans des conditions extrêmes
Il explique avoir été déplacé 33 fois à travers le territoire palestinien, caché dans des tunnels, des bâtiments détruits par les bombardements israéliens et des maisons de particuliers. Mais quand il raconte les mauvais traitements infligés aux autres otages, sa voix se brise et les larmes coulent. «J’ai vu une femme se faire torturer, littéralement», raconte-t-il, précisant qu’il s’agissait d’une «torture médiévale».
«Elle était allongée sur le dos, les mains et les pieds liés et ils lui avaient mis du ruban adhésif ou un morceau de tissu autour de la bouche pour l’empêcher de crier et un homme debout derrière elle, une tige métallique pointue au bout, posée sur le front de la femme, lui appuyait dessus». Si Keith Siegel ne nomme pas la victime de ces tortures, l’otage libérée Amit Soussana a décrit dans des interviews aux médias avoir vécu exactement la même situation, alors que ses ravisseurs tentaient de lui faire avouer qu’elle était soldate. Cette avocate de 41 ans a également été enlevée à son domicile du kibboutz Kfar Aza et libérée en novembre 2023. «Je me sentais comme paralysé», a confié Keith Siegel.
Conditions de détention inhumaines
Autre souvenir douloureux qui hante encore Keith Siegel, la détention prolongée dans des tunnels profonds, quasi irrespirables.
Engagement pour la libération des otages
Très engagé pour faire libérer les otages toujours retenus à Gaza après plus de 20 mois de guerre, Keith Siegel brandit les portraits de ceux avec qui il a vécu en captivité, notamment du soldat Matan Angrest, du père de famille Omri Miran et des jumeaux Gali et Ziv Berman, originaires comme lui de Kfar Aza.
Keith Siegel en appelle au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au président américain Donald Trump et au monde «pour mettre fin à la souffrance, mettre fin à la guerre et ramener les otages à la maison».