A l’approche du septième anniversaire de la disparition au Japon de Tiphaine Véron, une Française volatilisée mystérieusement lors d’un séjour touristique, sa famille poursuit avec obstination ses efforts et ses propres investigations pour la retrouver.
Cette assistante scolaire, vivant à Poitiers et passionnée de culture nippone, a été vue pour la dernière fois le 29 juillet 2018 alors qu’elle était en visite à Nikko, au nord de Tokyo. Le passeport et les affaires de la jeune femme, alors âgée de 36 ans, ont été retrouvés dans sa chambre d’hôtel.
Une enquête au point mort
Les investigations de la police locale
L’enquête de la police locale n’a pas donné de résultats probants et, malgré les nombreux déplacements de son frère au Japon, la famille n’est jamais parvenue à savoir ce qui lui était arrivé. La police de Nikko a toujours privilégié la piste accidentelle, mais ses proches jugent cette hypothèse peu crédible.
Les critiques de la famille
La famille reproche à la police japonaise d’avoir consacré peu de moyens aux investigations, estimant que des témoins ont été délaissés et que la piste criminelle n’a pas été sérieusement explorée. Elle s’interroge notamment sur le rôle du gérant de l’hôtel où a séjourné Tiphaine. Celui-ci n’a été auditionné qu’en qualité de témoin dans le cadre de l’enquête.
L'implication du pôle "cold cases"
En France, l’affaire est suivie depuis 2023 par le pôle «cold cases» du tribunal judiciaire de Nanterre, qui s’intéresse aux crimes sériels ou non élucidés. Une commission rogatoire internationale est en cours et la juge d’instruction, Sabine Khéris, espère pouvoir prochainement se déplacer au Japon pour enquêter sur la disparition.
«Nos chances s’amenuisent de la retrouver à mesure que le temps passe», reconnaît Maître Jessica Finelle, avocate de la famille. «Nous demandons aux autorités japonaises de prendre toute la mesure de l’urgence à coopérer pleinement avec le pôle cold cases du tribunal de Nanterre», implore le conseil.
Appels à l'intervention politique
Dans une lettre à Emmanuel Macron datée du 12 juin, la maire de Poitiers et deux députés de la région ont exhorté le président français à intervenir. «Sans une initiative forte de votre part, ce combat risque de rester sans issue».
Le comité des disparitions forcées des Nations unies a lui récemment saisi le gouvernement japonais d’une demande d’action urgente, lui intimant de mener une enquête pour identifier les auteurs de la disparition.
Les efforts continus de la famille
Dans l’attente de nouveaux éléments, la famille de Tiphaine Véron continue tant bien que mal ses investigations. En France, cette traque sans relâche a été récemment racontée dans un documentaire, «L’Air mouillé», réalisé par une amie d’enfance de Tiphaine, Cécile Juan. Elle y filme le voyage de Damien et Sibylle Véron au Japon à l’automne 2022 sur les traces de leur sœur.
Le documentaire montre les moyens mis en œuvre pour grappiller le moindre indice:
- Exploration des lieux
- Distribution d’avis de recherche
- Expertise d’un ancien policier
- Recours à des médiums
«Même si tu n’y crois pas, même si tu sais que c’est complètement irrationnel, tu y vas», raconte Cécile Juan.
Au Japon, elle a aussi été confrontée à l’immobilisme et l’opacité des autorités japonaises. «Lors d’une première réunion avec la police, ils nous ont interrogés pour savoir où on allait se rendre, ce qu’on allait faire... C’était le monde à l’envers», s’offusque la réalisatrice.
«On a dû être diplomates, enquêteurs, mais on a mis de côté notre statut de victimes», déplore Damien Véron pour qui le deuil est impossible tant qu’il ne saura pas si sa sœur est vivante ou morte.
Damien Véron, qui a fondé en 2024 une association pour la recherche des Français disparus à l’étranger, a prévu un huitième voyage à Nikko cet été. A cette occasion, il lancera un appel à témoins en japonais. Une statue de Tiphaine doit également être inaugurée dans la cité nippone.