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Le Premier ministre arménien en visite historique en Turquie


Nikol Pachinian se rend en Turquie pour discuter de la paix. Une première pour un dirigeant arménien, marquant une avancée significative.

Le Premier ministre arménien en visite historique en Turquie

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian effectue vendredi une très rare visite en Turquie, ennemi juré de son pays. Ce déplacement, qualifié par Erevan d’étape «historique» vers la paix, marque une avancée significative dans les relations entre les deux nations.

«Il s’agit d’une visite historique, car ce sera la première fois qu’un dirigeant de la République d’Arménie se rendra en Turquie à ce niveau-là», a annoncé à des journalistes le président du parlement arménien, Alen Simonian. «Toutes les questions régionales seront discutées» lors de ce déplacement effectué à l’invitation du président turc Recep Tayyip Erdogan, a-t-il précisé.

Un pas vers la stabilité

Contexte historique et tensions

L’Arménie et la Turquie n’ont jamais établi de relations diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990. Les relations restent tendues entre Ankara et Erevan en raison de massacres de masse d’Arméniens dans l’Empire ottoman à l’époque de la Première Guerre mondiale. L’Arménie, selon laquelle jusqu’à 1,5 million de personnes sont mortes entre 1915 et 1916, qualifie ces atrocités de génocide, reconnu à ce jour par 34 pays. Pour sa part, la Turquie rejette ce terme et estime le nombre de morts arméniens à entre 300'000 et 500'000.

Conflit récent et soutien turc à l'Azerbaïdjan

Plus récemment, Ankara a soutenu son proche allié, l’Azerbaïdjan, dans son conflit de longue date avec l’Arménie pour le contrôle de la région montagneuse du Karabakh. Le Karabakh est reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, mais a été contrôlé pendant trois décennies par des séparatistes arméniens. Le dirigeant turc, pour sa part, a répété son souhait de voir «s’établir la paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie».

Efforts diplomatiques et concessions

En mars, Bakou et Erevan avaient annoncé s’être entendus sur un «accord de paix», mais le texte n’a toujours pas été signé, l’Azerbaïdjan ayant dressé une liste de demandes qu’il exhorte l’Arménie à remplir au préalable. Dans ce contexte diplomatique favorable, M. Pachinian cherche activement à normaliser les relations avec Bakou et Ankara.

Plus tôt cette année, il a annoncé que l’Arménie mettrait fin à sa campagne pour la reconnaissance internationale des massacres d’Arméniens en tant que génocide -- une concession majeure à la Turquie qui a suscité de nombreuses critiques dans son pays.

Rapprochement incertain

En 2023, Nikol Pachinian avait assisté à l’investiture de Recep Tayyip Erdogan à Ankara, son unique visite en Turquie jusque-là. Ankara et Erevan ont nommé des envoyés spéciaux fin 2021 pour diriger un processus de normalisation, un an après la défaite de l’Arménie dans une guerre avec l’Azerbaïdjan sur la région du Karabakh alors contestée. En 2022, la Turquie et l’Arménie ont repris leurs vols commerciaux après une pause de deux ans. Ce rapprochement souhaité reste malgré tout incertain: un précédent accord de 2009 visant à ouvrir la frontière n’a jamais été ratifié par l’Arménie, avant d’être abandonné en 2018.

Cette visite de Nikol Pachinian en Turquie représente un espoir de dégel dans les relations entre les deux pays, même si de nombreux défis restent à surmonter.