Depuis ce week-end, où la marche «No Kings» a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est retombée à Los Angeles. Le calme est revenu mardi à Los Angeles, où la maire a décidé de lever le couvre-feu nocturne instauré depuis une semaine, tandis que le gouverneur de Californie tente de reprendre le contrôle de la Garde nationale envoyée par Donald Trump face aux manifestations contestant sa politique migratoire.
Une vague d’interpellations musclées de sans-papiers par la police de l’immigration (ICE) a provoqué l’indignation dans la mégapole californienne ces derniers jours. Les manifestations contre ces opérations coups de poing ont dégénéré en violences et dégradations par endroits.
Couvre-feu levé, mais la Garde nationale reste présente
Contexte des manifestations
Le président américain a alors accusé les autorités locales démocrates d’avoir perdu le contrôle de la ville, et a envoyé 4000 soldats de la Garde nationale de Californie, ainsi que 700 militaires des Marines. Une décision largement dénoncée par les responsables locaux, qui l’ont accusé d’instrumentaliser la situation.
Malgré des images spectaculaires de robotaxis incendiés, des pillages et des heurts avec la police, les incidents se sont concentrés sur quelques pâtés de maison du centre-ville. La maire Karen Bass a instauré un couvre-feu le 10 juin dans la zone, couvrant 13 km² de cette ville tentaculaire.
Levée du couvre-feu
Cette mesure «a largement contribué à protéger les magasins, les restaurants, les entreprises et les communautés résidentielles contre les malfaiteurs qui se moquent du sort de la communauté immigrée», a estimé la démocrate mardi, en annonçant sa levée.
Depuis ce week-end, où la marche «No Kings» («Pas de rois») a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est largement retombée à Los Angeles. Mardi, le centre-ville était peuplé de passants circulant au milieu de nombreux commerces encore barricadés et parfois recouverts de graffitis, selon un photographe de l’AFP.
Mais la maire s’est dit prête «à réinstaurer» un couvre-feu si besoin. En intensifiant son offensive anti-immigration Los Angeles, Donald Trump s’est attaqué à la Californie, État sanctuaire pour les sans-papiers, avec une importante population immigrée.
Déploiement controversé de la Garde nationale
Son déploiement de la Garde nationale, sans le consentement du gouverneur de l’État – qui a aussi autorité sur ce corps militaire – est une première depuis 1965 aux États-Unis. Le gouverneur Gavin Newsom a dénoncé une manœuvre autoritaire et lancé une procédure judiciaire pour en récupérer le contrôle.
La semaine dernière, un juge fédéral lui a donné raison, en estimant ce déploiement illégal et que la violence constatée, limitée à quelques quartiers, est «bien loin» de la «rébellion» invoquée par le gouvernement fédéral. Mais l’exécution de sa décision a immédiatement été repoussée, le temps qu’une cour d’appel de San Francisco puisse examiner l’appel du ministère de la Justice.
Audience devant la cour
Lors d’une audience devant la cour mardi, le représentant du ministère, Brett Shumate, a estimé que les «membres de la Garde nationale sont essentiels» à Los Angeles.
Leur mission est de «protéger les bâtiments fédéraux contre de nouvelles violations et des émeutes violentes impliquant des feux d’artifice, des cocktails Molotov et des morceaux de béton lancés sur les agents» de la police de l’immigration, a-t-il insisté, en rappelant qu’ils n’ont «pas de mission de maintien de l’ordre».
De son côté, le représentant de la Californie, Samuel Harbourt, a estimé que les forces de l’ordre locales «font leur travail» et gèrent la situation. La police de Los Angeles a effectué près de 600 arrestations depuis le début des manifestations et mardi, le procureur local a annoncé des poursuites contre une trentaine de personnes.
Dans ces conditions, le déploiement de la Garde nationale est une «mesure extrême» et injustifiée, selon Samuel Harbourt. Elle risque «d’aggraver encore les tensions et le risque de violence dans la ville de Los Angeles».
Attendue dans les prochains jours, la décision de la cour d’appel sera scrutée de près.
Conséquences juridiques et politiques
L’affaire aura des conséquences importantes sur le pouvoir d’un président américain pour utiliser l’armée sur le sol national, et pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, à majorité conservatrice. «Je suis convaincu que le bon sens prévaudra ici», a estimé mardi Gavin Newsom, dans un communiqué en marge de l’audience. «L’armée américaine a sa place sur le champ de bataille, pas dans les rues américaines.»
- Images spectaculaires: Les incidents ont inclus des robotaxis incendiés et des pillages.
- Présence militaire polémique: Le déploiement de la Garde nationale est vu comme une manœuvre autoritaire par le gouverneur de Californie.
- «Émeutes violentes»: La Garde nationale est déployée pour protéger les bâtiments fédéraux contre des violences.
- «Bon sens»: Gavin Newsom espère que la décision de la cour d’appel sera en faveur de la Californie.