Un juge américain a estimé jeudi que le déploiement de la Garde nationale par Donald Trump était illégal. Cette décision marque un nouveau revers judiciaire pour le président américain, qui avait ordonné le déploiement de ce corps de réserve pour faire face aux manifestations à Los Angeles.
Le juge Breyer a affirmé que le président n’avait pas «suivi la procédure requise par le Congrès pour ses actes». En conséquence, il a ordonné que le contrôle de la Garde nationale soit rendu au gouverneur de Californie, le démocrate Gavin Newsom, qui avait attaqué ce déploiement en justice en dénonçant un virage autoritaire.
Un revers judiciaire pour Donald Trump
La réaction du gouverneur de Californie
«Ce n’est pas un monarque, ce n’est pas un roi, et il devrait cesser d’agir comme tel», a réagi Gavin Newsom, connu pour son inimitié avec Donald Trump, lors d’une conférence de presse après la décision du magistrat. Le juge Breyer a cependant suspendu l’application de celle-ci jusqu’à vendredi midi heure locale (21 h 00 heure de Suisse), et la Maison-Blanche a immédiatement indiqué faire appel.
«Donald Trump sera relevé de son commandement à midi demain», a lancé Gavin Newsom lors de sa conférence de presse.
Le contexte du déploiement
Le président de 78 ans avait décidé le week-end dernier de prendre le contrôle fédéral de la Garde nationale de Californie et avait déployé 4’000 de ses membres dans les rues de Los Angeles, théâtre depuis près d’une semaine de manifestations contre l’interpellation musclée d’étrangers en situation irrégulière.
Il avait également décidé d’envoyer 700 militaires d’active du corps des Marines, une mesure extrêmement rare dans l’histoire des États-Unis. Les manifestations dans la deuxième plus grande ville des États-Unis ont été émaillées par moments de certaines violences et dégradations.
La décision du juge Breyer
Dans sa décision de 36 pages, le juge Breyer a affirmé que la violence constatée était «bien loin» de la «rébellion» décrite par Donald Trump pour justifier le déploiement de militaires.
Donald Trump a attribué jeudi le relatif retour au calme à Los Angeles depuis deux jours à sa réponse musclée, mais le couvre-feu décrété par la maire démocrate de la ville a aussi pu y contribuer.
Les réactions politiques
Gavin Newsom «avait totalement perdu le contrôle de la situation. Il devrait me dire MERCI de lui avoir sauvé les fesses, au lieu d’essayer de justifier ses erreurs et son incompétence!!!», avait asséné le président avant la décision de justice.
Figure centrale de l’opposition démocrate, Gavin Newsom, 57 ans, est considéré comme un possible candidat démocrate à la présidentielle de 2028.
Si le gouverneur de Californie a dénoncé «le fantasme fou d’un président dictatorial», c’est un autre démocrate de l’État qui s’est retrouvé sous les projecteurs jeudi. Le sénateur Alex Padilla a été évacué manu militari pour avoir interrompu une conférence de presse à Los Angeles de la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem, selon un photographe de l’AFP.
L'incident du sénateur Padilla
Dans une vidéo virale, on l’entend s’identifier et interpeller la ministre avant d’être poussé dehors, forcé à terre et menotté par les agents. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé sur X que «le sénateur Padilla devrait avoir honte de son comportement puéril».
Mais le sort réservé au sénateur, poste particulièrement prestigieux aux États-Unis, a indigné les démocrates, leur chef de file au Sénat Chuck Schumer évoquant des «relents de totalitarisme».
La situation à Los Angeles
Jeudi à Los Angeles, la situation semblait revenue à un certain calme.
«En général, tout est sous contrôle ici à Ground Zero», a déclaré à l’AFP Lynn Sturgis, enseignante à la retraite de 66 ans, devant les bureaux de l’État fédéral, épicentre des manifestations dans le centre-ville.
Les manifestations dans d'autres villes
Les manifestations se sont étendues ces derniers jours à d’autres villes américaines, toujours dans des proportions limitées, comme à Las Vegas, Dallas, Austin, Chicago, Atlanta ou Boston.
La réaction du Mexique
Au Mexique, d’où sont originaires nombre de sans-papiers présents aux États-Unis, la présidente Claudia Sheinbaum a expliqué avoir dit à un haut responsable américain qu’elle n’était «pas d’accord sur le fait de recourir à des descentes de police pour arrêter des personnes qui travaillent honnêtement».
Les efforts de Donald Trump contre l'immigration
Donald Trump avait promis pendant sa campagne de s’en prendre aux «criminels venus de l’étranger».
Mais ses efforts pour lutter contre l’immigration clandestine ont largement dépassé ce cadre et visé en particulier les immigrés latino-américains, indispensables à certains secteurs d’activité.
Sur le plan économique, il a admis devoir «faire quelque chose» rapidement pour préserver les nombreux travailleurs immigrés de l’agriculture et de l’hôtellerie.