Logo webradio media

L'Argentine enregistre son inflation la plus basse depuis cinq ans


En mai, l'inflation en Argentine a atteint 1,5%, son niveau le plus bas depuis 2020. Le gouvernement attribue cette décélération à ses politiques d'austérité, mais la population ressent encore une forte pression économique.

L'Argentine enregistre son inflation la plus basse depuis cinq ans

En Argentine, l’inflation a retrouvé le même niveau qu’il y a exactement cinq ans, mais reste l’une des plus élevées au monde. Selon les données publiées jeudi, l’inflation s’est établie en mai à 1,5% sur un mois, son niveau le plus bas depuis 5 ans, confirmant une tendance à la décélération après un an et demi de politique d’austérité du gouvernement Milei. L’inflation retrouve son niveau d’exactement cinq ans plus tôt, en mai 2020. Sur un an, elle atteint 43,5% contre 211% à fin 2023, d’après les données de l’Institut national de la statistique (Indec).

L’inflation en Argentine au plus bas niveau depuis cinq ans

Décélération de l’inflation grâce aux politiques d’austérité

La hausse des prix en mai a été tirée par la téléphonie mobile et internet (+4,1%), la santé (+2,7) et le logement (+2,4%). À l’inverse, les transports (+0,4%) et l’alimentation et boissons non alcoolisées (+0,5%) ont connu une progression limitée sur un mois. Le gouvernement de l’ultralibéral Javier Milei a salué ces chiffres, attribués à la réussite du «plan de stabilisation orthodoxe» de son équipe économique.

Cette dernière a «mis fin à l’émission monétaire» et a «supprimé le contrôle des changes», a rappelé le porte-parole présidentiel Manuel Adorni sur sa chaîne WhatsApp, en référence au contrôle des changes en vigueur depuis 2019 et partiellement levé cette année.

Mécontentement social et perception de l’inflation

La perception de certains Argentins contredit cependant les indicateurs, alimentant le mécontentement social. Le gouvernement «te fait croire que, mois après mois, l’inflation baisse, je ne sais pas sur quoi ils se basent, mais ce n’est pas sur les prix. Pour moi, rien ne baisse. Je ne le vois pas dans mon portefeuille, en tout cas», estime Cristian Rodriguez, un employé dans la logistique de 45 ans, interrogé par l’AFP.

«Les salaires sont bloqués, cela fait un an que nous n’avons pas eu d’augmentation», souligne-t-il, disant avoir dû renoncer aux petits plaisirs comme aller au restaurant.

Selon un rapport récent du Centre de finances de l’Université privée Di Tella, l’inflation perçue par les Argentins est deux fois supérieure à l’indice calculé par l’Indec. Ainsi, en mai, l’inflation perçue a atteint 4,23%, d’après l’étude.

Conséquences économiques et manifestations

L’année dernière, l’Argentine a enregistré son premier excédent budgétaire en une décennie, mais les conséquences ont été une perte de pouvoir d’achat, d’emplois et de dépenses de consommation.

Début juin, des milliers de personnes, dont des scientifiques, médecins, personnes en situation de handicap et militants des droits des femmes, se sont joints aux retraités lors d’une manifestation composite à Buenos Aires contre les mesures d’austérité du gouvernement Milei.

Soutien du FMI et perspectives économiques

L’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, à l’endettement chronique et à la position financière précaire du fait de maigres réserves de change, a reçu en avril 12 milliards de dollars (9,7 milliards de francs) du Fonds monétaire international (FMI), première tranche d’un prêt de 20 milliards pour appuyer son plan de stabilisation de l’économie.

Cette injection d’argent frais est considérée comme cruciale par le gouvernement pour reconstituer les réserves de change de la Banque centrale, stabiliser le peso et «exterminer l’inflation» durablement, selon les mots du président Milei. Et in fine relancer la croissance, à ce jour élément manquant du plan du gouvernement, après une année 2024 en récession (-1,8%).

Pour beaucoup d'Argentins, la situation reste préoccupante. «Pour moi, rien ne baisse», déclare Cristian Rodriguez, résumant le sentiment de nombreux citoyens face à une inflation qui, bien que décélérée, continue de peser lourdement sur leur quotidien.