L’Iran a annoncé coup sur coup jeudi la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement et une augmentation «significative» de sa production d’uranium enrichi, exacerbant les tensions sur son programme nucléaire avant des pourparlers avec les États-Unis prévus dimanche. Dans le même temps, des médias américains, dont le New York Times et NBC News, ont rapporté qu’Israël, proche allié des États-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l’Iran, son ennemi juré.
Les annonces iraniennes sont intervenues après l’adoption par le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’une résolution condamnant l’Iran pour «non-respect» de ses obligations nucléaires. L’enrichissement d’uranium est la principale pierre d’achoppement dans les discussions irano-américaines, menées via une médiation d’Oman et visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées à l’Iran.
Escalade des tensions nucléaires entre l'Iran et les puissances occidentales
Nouveau site d'enrichissement et augmentation de la production d'uranium
L’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau élevé de 60%, selon l’AIEA. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%. Les Occidentaux et Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. Téhéran dément en défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.
«Les ordres nécessaires ont été donnés par le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) pour lancer un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sécurisé», ont indiqué les Affaires étrangères iraniennes et l’OIEA. Plus tard, le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami, a jugé «illégale» la résolution de l’AIEA, l’imputant à «l’influence» israélienne. M. Eslami a souligné que son pays avait respecté ses engagements envers l’AIEA, mais qu’il s’était affranchi de certaines obligations liées à l’accord nucléaire conclu avec les puissances mondiales en 2015, après le retrait unilatéral américain de ce pacte en 2018.
Réactions internationales et menaces d'attaques
Israël a aussitôt appelé la communauté internationale à «une réponse décisive» contre l’Iran, dont les actes constituent selon lui «une menace imminente pour la sécurité et la stabilité» internationales. L’État israélien, qui considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle, a maintes fois menacé d’attaquer les sites nucléaires iraniens.
L’Iran a averti qu’il répondrait à toute frappe israélienne en ciblant les «installations nucléaires secrètes» d’Israël. Mercredi, il a aussi menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations avec Washington.
Résolution de l'AIEA et appels à la désescalade
À Vienne, la résolution adoptée par l’AIEA appelle l’Iran à «remédier d’urgence au non-respect» des engagements pris en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). En l’état, l’AIEA, une instance onusienne, «n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique».
Malgré cette escalade, le chef de la diplomatie omanaise, Badr Albusaidi, a confirmé la tenue dimanche à Mascate du 6e cycle de négociations irano-américaines. L’Union européenne a appelé l’Iran à «éviter toute mesure qui contribuerait à une escalade». Et la France a dénoncé «la poursuite assumée de l’escalade nucléaire de l’Iran».
Déclarations de Donald Trump
Dans un podcast du New York Post, enregistré lundi, M. Trump a dit être «beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord» avec l’Iran. Le président américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie, a toutefois dit que «ce serait mieux sans guerre».
Les tensions entre l'Iran et les puissances occidentales, notamment les États-Unis et Israël, continuent de monter. Les prochaines négociations à Mascate seront cruciales pour déterminer l'avenir du programme nucléaire iranien et la stabilité régionale.