Trois hommes sont jugés à Vesoul pour le meurtre d'un étudiant en informatique en 2021. Les trois accusés, poursuivis pour l’assassinat barbare de Simon Arthuis, un étudiant de 19 ans, ont multiplié les versions contradictoires lors de leur procès, où les plaidoiries démarrent jeudi. Qui a porté les 46 coups de couteau à la victime, retrouvée morte dans un étang de Plancher-Bas (Haute-Saône) en août 2021?
Un crime prémédité pour récupérer des bitcoins
Au septième jour d’audience, Mickaël Calabrese, 36 ans, a reconnu mercredi avoir commandité le crime. «Je suis le commanditaire. J’ai voulu le faire tuer et j’ai payé pour le faire. Je ne pouvais pas le faire moi-même», a-t-il répété devant les jurés. Son mobile: récupérer les 200 000 euros de cryptomonnaies amassés par la victime, avec qui il formait un couple.
Un mobile financier et amoureux
Décrit comme «menteur» et «manipulateur» par les experts, Mickaël Calabrese le concède: l’idée d’assassiner son compagnon est aussi née par dépit amoureux, alors que Simon souhaitait le quitter. Il encourt, comme ses trois coaccusés, la réclusion criminelle à perpétuité.
Un plan macabre exécuté avec deux complices
Pour exécuter son plan, il fait appel à Dylan Hoguin, 26 ans, et Benjamin Ardoin, 22 ans, deux hommes vulnérables et marqués par un passé de violences. Le 18 août 2021, Mickaël convainc Simon de l’accompagner chez son frère à Montbéliard (Doubs). «Sur place, Simon a été drogué. C’était prévu comme ça», raconte l’accusé, impassible. Il tente alors, via la reconnaissance faciale de Simon, d’accéder à ses comptes de cryptomonnaies pour en changer les mots de passe. Mais il ne parvient pas à transférer l’argent, faute de disposer d’un RIB.
Une scène de crime en pleine nature
La suite se déroule à Plancher-Bas, en pleine nature. Les deux jeunes hommes, ainsi que Mickaël, embarquent Simon dans une voiture. Sur place, selon les différentes versions, il est d’abord étranglé par Dylan Hoguin. Un couteau est sorti, puis utilisé. Mais qui frappe? Chacun accuse l’autre.
M. Calabrese affirme avoir quitté les lieux après avoir vu le couteau dans la main de Benjamin. Il serait revenu plus tard pour retourner le corps flottant dans l’eau. «Je ne m’attendais pas à ça... Je voulais voir qu’il n’avait pas souffert», dit-il. Pour lui, aucun doute: c’est Benjamin qui a porté les coups de couteau.
Des versions contradictoires
Les versions des deux autres accusés, quant à elles, divergent. Benjamin raconte: «Dylan l’a étranglé avec ses deux mains». Il fond en larmes: «Puis Mickaël est arrivé par derrière, il s’est jeté sur Simon. Il s’est mis sur lui, il s’est acharné, je voyais le sang par terre». Plus tard, Mickaël et Dylan ont, selon lui, «traîné Simon dans l’eau». Dylan Hoguin, de son côté, assume l’étranglement. «Je l’ai étranglé pendant 20 ou 30 secondes», décrit-il, tête baissée. Longtemps, il dit ne plus se souvenir de qui a donné les coups de couteau.
L’avocat des parties civiles, Jacques Sieklucki, s’interroge sur la dynamique à l’œuvre entre les trois hommes. «Je ne peux pas vous croire, on ne peut pas ne pas se souvenir. Je ne sais pas ce qui se joue dans le box. Soit il y a une loyauté envers l’un, soit un règlement de comptes envers l’autre». Face à ces interrogatoires serrés, Dylan Hoguin finit par désigner Benjamin et non Mickaël comme l’auteur des coups. «C’est la stricte vérité cette fois.»
Mais au fil de l’audience, sa version évolue. Il affirme avoir jeté Simon à l’eau, puis se rétracte. Un élément semble néanmoins faire consensus dans ses propos comme dans ceux de Benjamin: Mickaël Calabrese n’est pas parti. Il a assisté au meurtre.
La préméditation au cœur du procès
La préméditation est au cœur du procès. Lors d’une réunion de préparation, en mai 2021, un rôle est attribué à chacun, ainsi que le partage des gains: 20 000 euros par personne. Début juin, une première tentative échoue à Montbéliard. Le 16 août, une nouvelle tentative échoue à Bavans (Doubs), où Simon est frappé à l’arrière du crâne avec un marteau, mais survit.
L’étranglement n’aura pas tué Simon, mais les coups de couteau qu’il a reçus ont causé une hémorragie, et il est mort noyé. Personne ne récupèrera son argent. Le verdict est attendu vendredi.
Mort noyé
Simon Arthuis, malgré les tentatives de meurtre précédentes, a finalement succombé à ses blessures et est mort noyé dans l'étang de Plancher-Bas. Ce drame met en lumière la complexité des relations humaines et la cruauté dont certains peuvent faire preuve pour des motifs financiers et amoureux.