Logo webradio media

Les États-Unis déplacent leur personnel au Moyen-Orient face aux menaces iraniennes


Téhéran menace de frapper les bases américaines en cas d'échec des négociations nucléaires. Washington réduit ses effectifs en Irak par précaution.

Les États-Unis déplacent leur personnel au Moyen-Orient face aux menaces iraniennes

Les États-Unis ont annoncé mercredi avoir déplacé une partie de leur personnel au Moyen-Orient après que Téhéran a menacé de frapper leurs bases militaires en cas de conflit consécutif à un échec des négociations entre les deux pays sur le nucléaire iranien. Cette décision intervient dans un contexte de montée des tensions entre les deux nations, qui sont à couteaux tirés depuis l’avènement de la République islamique en 1979.

Le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh, a déclaré : «Si un conflit nous est imposé, l’autre camp subira assurément plus de pertes que nous.» Il a ajouté que «les bases américaines sont à notre portée» et que «les États-Unis devront quitter la région». Les États-Unis disposent de nombreuses bases militaires dans le voisinage de l’Iran, la plus importante étant située au Qatar.

Déplacement du personnel américain et réactions internationales

Mesures de sécurité américaines

Donald Trump a confirmé mercredi soir le déplacement de membres du personnel américain dans la région «parce que cela pourrait être un endroit dangereux» dans les jours à venir. Auparavant, des responsables américains avaient indiqué que les États-Unis réduisaient les effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité.

Alerte de l'agence de sécurité maritime UKMTO

L’agence de sécurité maritime UKMTO, gérée par la marine britannique, a publié une note d’information alertant sur «la montée des tensions» au Moyen-Orient, susceptible d’entraîner «une escalade des activités militaires avec un impact direct sur les marins».

Négociations sur le nucléaire

L’Iran et les États-Unis ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sur le nucléaire sous médiation du sultanat d’Oman. De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon l’Iran. Donald Trump a lui annoncé que cette réunion aurait lieu jeudi, tandis que le médiateur omanais n’a pas commenté.

«Je suis beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord», avec l’Iran, a déclaré le président américain dans un podcast du New York Post, enregistré lundi et diffusé mercredi. «Ils semblent tergiverser», a estimé le dirigeant américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. «Ce serait mieux de le faire sans guerre», a toutefois ajouté Donald Trump.

Points de discorde

Les deux pays tentent de s’entendre sur un potentiel texte qui empêcherait l’Iran de se doter de l’arme atomique -une ambition que Téhéran se défend farouchement de nourrir- en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie. Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium.

  • Les États-Unis exigent que l’Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse, affirmant en avoir le droit en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.
  • Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul État non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l’accord multilatéral sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015 mais dont les États-Unis se sont retirés en 2018 lors du premier mandat de Donald Trump.
  • Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%, d’après l’AIEA.

Propositions et réactions

L’Iran a reçu des États-Unis une proposition d’accord qui n’a pas convaincu Téhéran. Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur sur les dossiers stratégiques, a qualifié cette offre de «100% contraire» aux intérêts de son pays. Le texte américain, qui n’a pas été rendu public, ne mentionne pas la levée des sanctions, dont Téhéran fait une priorité, selon le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf.

L’Iran a indiqué lundi qu’il soumettrait dans les prochains jours sa propre proposition aux États-Unis, au moment où l’AIEA tient cette semaine à Vienne une importante réunion trimestrielle qui passera notamment en revue les activités nucléaires iraniennes.

Résolution de l'AIEA

Trois sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP que les Européens et les États-Unis avaient soumis mardi une résolution pour condamner «le non-respect» par l’Iran de ses obligations dans ce domaine. En cas d’adoption lors d’un vote qui était prévu tard mercredi au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, cette résolution donnerait des arguments à ces pays pour déclencher un mécanisme permettant de rétablir des sanctions onusiennes contre l’Iran, une clause prévue dans l’accord sur le nucléaire de 2015. L’Iran a menacé de réduire sa coopération avec l’AIEA si une telle résolution était adoptée.