Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a essuyé mercredi un nouveau revers judiciaire, un tribunal madrilène ayant demandé qu’une enquête administrative soit menée sur des accusations de conflit d’intérêts lors du sauvetage de la compagnie aérienne Air Europa durant la crise du Covid.
Dans un arrêt consulté par l’AFP, le tribunal supérieur de Madrid (TSM) a demandé à l’Office des conflits d’intérêts, dépendant du ministère de la Fonction publique, de mener une enquête concernant les conditions dans lesquelles l’État est venu en aide à la compagnie. Cette décision survient alors que plusieurs enquêtes ont été ouvertes ces derniers mois contre l’entourage du Premier ministre, notamment son épouse Begoña Gomez, son ex-bras droit José Luis Ábalos et son frère David Sánchez, qui doit être jugé pour trafic d’influence.
Un Nouveau Revers pour l'Exécutif Espagnol
Elle constitue un nouveau revers pour l’exécutif, sur la défensive en raison d’une autre affaire délicate impliquant le procureur général de l’État, nommé par le gouvernement, qui pourrait être renvoyé devant un tribunal dans une affaire de fuites judiciaires. L’enquête réclamée par le tribunal de Madrid doit déterminer si M. Sánchez s’est rendu coupable de conflit d’intérêts lorsque son gouvernement a accepté fin 2020 d’allouer 475 millions d’euros de prêts à Air Europa, alors lourdement affectée par la pandémie.
Accusations du Parti Populaire
Elle fait suite à une demande du Parti Populaire (PP), principale formation d’opposition de droite, qui affirme que le groupe touristique Globalia, propriétaire d’Air Europa, parrainait des projets portés par l’épouse de M. Sánchez lorsque ce sauvetage a eu lieu. «Sánchez a donné de l’argent public à celui qui a donné de l’argent à son épouse», a insisté mercredi une source du PP dans un message transmis à l’AFP, jugeant légitime que le rôle du Premier ministre dans ce sauvetage fasse l’objet d’une enquête.
Décision du Tribunal de Madrid
Dans son ordonnance, le tribunal de Madrid n’évoque pas le fond du dossier, se contentant de souligner que l’Office des conflits d’intérêts a l’obligation d’enquêter sur les faits, bien qu’il soit possible qu’elle se termine «par un classement». Après une première demande du PP en mars 2024, cet office avait classé l’affaire en s’appuyant sur un rapport administratif assurant que Mme Gómez n’avait aucune relation professionnelle avec Globalia. Une décision critiquée par le tribunal, qui estime que l’office aurait malgré tout dû enquêter.
Demande du PP
Le Parti Populaire a insisté sur la nécessité de cette enquête, soulignant les nombreuses accusations de conflit d’intérêts qui pèsent sur l’entourage de Pedro Sánchez. La demande du PP vise à clarifier les conditions dans lesquelles le sauvetage d’Air Europa a été réalisé et à déterminer si des intérêts personnels ont influencé cette décision.
Cette affaire ajoute une nouvelle couche de complexité à la situation politique en Espagne, où le gouvernement de Pedro Sánchez fait face à de nombreuses critiques et enquêtes judiciaires. Les résultats de cette enquête administrative pourraient avoir des répercussions importantes sur la crédibilité du Premier ministre et de son gouvernement.