Logo webradio media

Inflation en Russie : les prix alimentaires explosent malgré les efforts du Kremlin


Les sanctions occidentales et les dépenses militaires pèsent sur le pouvoir d'achat des Russes. Les produits de base sont devenus inabordables pour beaucoup.

Inflation en Russie : les prix alimentaires explosent malgré les efforts du Kremlin

Au marché de Préobrajenski à Moscou, fraises, cerises et autres fruits de saison font de l’œil sur les étals, sous un beau soleil estival. Mais pour Roman Paltilevitch, difficile d’en acheter ici en raison de l’inflation élevée: «Les prix sont délirants!» Après plus de trois ans d’offensive russe en Ukraine et de sanctions occidentales en représailles, la hausse des prix, stabilisée depuis plusieurs mois autour de 10%, reste un caillou dans la chaussure du Kremlin, qui n’arrive pas à la faire baisser fortement.

«Je n’achète ici ni pommes de terre, ni cerises», lance Roman Paltilevitch, un retraité de 84 ans. «Cette année, les prix ont fortement augmenté !» Il dit venir faire ses courses sur ce marché depuis son enfance, passée sous l’URSS, mais préfère désormais aller «dans une petite épicerie», ailleurs en ville, pour faire une grande partie de ses achats. «C’est moins cher là-bas», justifie-t-il.

L'impact de la guerre sur l'économie russe

Les causes de l'inflation

Au moment d’évoquer les causes de l’inflation, l’octogénaire pèse soigneusement ses mots pour s’éviter des ennuis avec la justice, toute critique étant sévèrement réprimée par les autorités.

C’est pourtant bien l’attaque de l’armée russe contre son voisin ukrainien depuis février 2022 qui a engendré l’explosion des prix alimentaires: les sanctions occidentales ont tiré les prix à la hausse, Moscou dépensant en parallèle massivement dans le complexe militaro-industriel pour soutenir l’armée, ce qui a poussé les salaires vers le haut et, en cascade, les produits du quotidien.

Les conséquences pour les consommateurs

À côté de Roman, sa femme, Tatiana, tient religieusement dans ses mains une petite barquette de fraises, comme un petit objet précieux de 400 roubles (4,50 euros) auquel il faut faire très attention. Au vu de leur prix devenu à leurs yeux prohibitifs, les fraises seront uniquement pour leurs petits-enfants, dit-elle.

Ailleurs dans les allées du marché de Préobrajenski, nombreux sont ceux rencontrés par l’AFP qui évoquent les mêmes problèmes pour remplir le panier, alors même que la Banque centrale de Russie s’est félicitée publiquement vendredi du «ralentissement» de la hausse des prix.

«Je n’achète plus rien dans les grands supermarchés», explique Nikolaï Koutcherov, un artiste indépendant de 62 ans, venu ici se procurer du poulet pour sa jeune petite-fille. «Il faut oublier les voyages. Depuis trois, quatre ans, on ne pense plus qu’à remplir son frigo», reconnaît-il, un brin amer.

Les souvenirs de la crise des années 1990

Comme lui, de nombreux Russes restent profondément marqués par la grave crise économique des années 1990, quand l’économie nationale, au sortir de 70 ans de communisme et de planification étatique, s’était retrouvée largement ébranlée. Une partie de la population avait même perdu ses économies.

Un quart de siècle plus tard, le choc de l’ouverture du marché à la concurrence a été remplacé par celui de l’assaut des troupes russes en Ukraine, une décision prise par le président Vladimir Poutine, qui assure pourtant que son pays est devenu «plus souverain» depuis 2022.

Les réactions des citoyens

Dans ce contexte de restructuration à marche forcée de l’économie, le maître du Kremlin vante également la hausse des salaires réels, qui a bénéficié à plusieurs centaines de milliers de Russes, principalement ceux travaillant dans l’industrie de défense. «Les salaires augmentent, donc cela revient à peu près au même», assure à l’AFP Konstantin Zelenkov, un ingénieur de 38 ans.

Mais tous ne partagent pas son point de vue, comme Irina Iakovleva, une ancienne comptable de 68 ans, selon qui «tout augmente sans cesse». Avant de résumer le sentiment général: «Nous devons tout simplement nous restreindre.»

Explosion des prix alimentaires

  • Les sanctions occidentales ont tiré les prix à la hausse.
  • Moscou dépense massivement dans le complexe militaro-industriel.
  • Les salaires augmentent, mais les produits du quotidien aussi.

Remplir son frigo

Les Moscovites doivent faire face à une hausse des prix qui rend difficile le simple fait de remplir leur frigo. Les produits de base comme les pommes de terre et les cerises sont devenus inabordables pour beaucoup, les forçant à se tourner vers des alternatives moins chères.

La Banque centrale de Russie se félicite du ralentissement de la hausse des prix, mais pour les citoyens, la réalité est différente. Les voyages et autres dépenses non essentielles sont devenus un luxe que beaucoup ne peuvent plus se permettre.

Le souvenir de la crise des années 1990 est encore frais dans l'esprit des Russes, et la situation actuelle ravive ces souvenirs douloureux. La restructuration de l'économie et les dépenses militaires massives ont un impact direct sur le pouvoir d'achat des citoyens.

Malgré les augmentations de salaires dans certains secteurs, notamment l'industrie de défense, beaucoup de Russes continuent de ressentir la pression de l'inflation. La nécessité de se restreindre est devenue une réalité quotidienne pour de nombreux ménages.