Amir Abou Chalouf, trois ans, a été retrouvé par l'un de ses frères avec une balle dans le dos, à Gaza. «Ce n’était qu’un petit garçon innocent, assis dans sa tente», témoigne sa famille en pleurs. Sa mère, Amal Abou Chalouf, lui passe la main sur le front, remettant de fines boucles de cheveux en place, avant qu'un homme ne referme le sac mortuaire où repose Amir, tué quelques heures auparavant. «Ma vie, mon chéri», balbutie-t-elle devant la dépouille de son fils, peinant à traverser la foule rassemblée dans la cour de l’hôpital Nasser à Khan Younès (sud de la bande de Gaza) autour de plusieurs linceuls blancs.
Au moins neuf personnes ont été tuées mardi au cours d’opérations militaires dans le sud de la bande de Gaza selon un bilan des secouristes de la Défense civile de Gaza. L’armée israélienne est en guerre à Gaza contre le Hamas depuis l’attaque sans précédent lancée par le mouvement islamiste palestinien sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Contactée par l’AFP pour tenter d’éclaircir les circonstances de la mort du garçonnet, elle n’a pas donné suite.
Une famille dévastée par la perte
Le chagrin d'une mère
Dans l’hôpital Nasser, un homme progresse au milieu de dizaines de personnes en pleurs, le petit corps dans les bras. «Je ne peux pas le porter», avait reconnu plus tôt Ahmad Abou Chalouf, le frère adolescent d’Amir, au visage baigné de larmes. «Qu’avait-il fait?» demande Mohammad Abou Chalouf, un frère plus âgé, «ce n’était qu’un enfant, un petit garçon innocent, assis dans sa tente». Il dit l’avoir retrouvé une balle dans le dos, et précise que des coups de feux ont été entendus plusieurs fois près de la tente d’al-Mawasi où la famille s’est réfugiée, déplacée, comme la plupart des Palestiniens de Gaza, par les combats.
La vie sous les bombardements
Accompagnée par des proches, Mme Abou Chalouf crie son chagrin au milieu de l’agitation. Elle se souvient de son petit garçon qui, dit-elle, rêvait d’un morceau de viande. «Il n’y a ni nourriture, ni eau, ni vêtements», soupire-t-elle les yeux rougis, «j’ai huit enfants et aucun n’a de vêtement» adéquat. Elle raconte avoir elle aussi été blessée avant l’aube alors qu’elle faisait du pain à l’extérieur de la tente. Elle dit avoir rampé jusqu’à l’abri de toile pour trouver d’autres membres de la famille «tenant dans leur bras [son] fils qui avait le ventre et le dos couverts de sang».
Les prières funéraires
Alors que des hommes s’alignent en silence pour accomplir l’ultime prière pour les défunts, leur première phrase -- «Dieu est le plus grand» -- se mêle à l’entêtant bourdonnement de drones militaires. Au deuxième rang, les mains croisées sur le ventre, Ahmad Abou Chalouf est submergé par les sanglots. Durant plusieurs heures, différents groupes se mélangent dans la cour de l’hôpital et plusieurs prières funéraires sont récitées en murmurant. Un homme très maigre s’effondre devant les linceuls, le visage tordu par le chagrin. Un autre colle son front contre celui d’un mort posé sur un brancard, avant d’être relevé par ceux qui crient des formules religieuses en portant son corps en procession vers son lieu d’inhumation.
Le désespoir des femmes
Plus loin, des femmes se sont jetées à terre pour entourer Oum Mouhammad Chahouane, une autre mère endeuillée. Toutes sont en larmes. «Il faut que la guerre cesse», souffle Mme Abou Chalouf, déplorant qu’il n’y ait «ni paix, ni espoir» à Gaza pour le moment.
La situation à Gaza reste critique, avec des familles déplacées et des ressources limitées. Les combats continuent de faire des victimes civiles, et la communauté internationale appelle à une résolution pacifique du conflit.