Aux cris de «Pedro Sánchez démissionne!» et brandissant des drapeaux espagnols, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid à l’appel du principal parti d’opposition conservateur d’Espagne, contre le gouvernement du Premier ministre socialiste, accusé de corruption.
Plus de 100'000 personnes selon le Parti Populaire (PP), et entre 45'000 et 50'000 d’après le représentant du gouvernement central, ont participé place d’Espagne, dans le centre de la capitale, à ce rassemblement dont le mot d’ordre était «Mafia ou Démocratie». Blanca Requejo, gérante de magasin de 46 ans, porte le drapeau rouge et jaune telle une cape sur son dos. «La date de péremption de ce gouvernement est passée depuis longtemps. Ça devient épuisant», dit-elle.
Un rassemblement contre la corruption
Les raisons de la manifestation
Le PP a appelé au rassemblement après la fuite récente dans la presse de retranscriptions de conversations entre une ancienne militante du Parti socialiste (PSOE) Leire Diez et notamment un commandant de la garde civile et un entrepreneur, tous deux mis en cause dans des affaires visant des proches de Pedro Sánchez. Auprès de ces interlocuteurs, à qui elle promet la clémence de la justice ou une réhabilitation rapide, Leire Diez donne l’impression de chercher des éléments compromettants sur des membres d’une unité de la Garde civile (l’équivalent de la gendarmerie) menant des enquêtes embarrassantes pour le Premier ministre. Leire Diez a rejeté les accusations, assurant qu’elle menait des recherches pour un livre et ne travaillait pas au nom du PSOE, dont elle a démissionné, ou de Pedro Sanchez.
Les accusations du Parti Populaire
«Ce gouvernement a tout sali — la politique, les institutions d’État, la séparation des pouvoirs», a lancé aux manifestants le dirigeant du PP, Alberto Nunez Feijoo, qui a accusé le gouvernement de «pratiques mafieuses» dans cette affaire. Il a exhorté Pedro Sánchez à «se soumettre à la démocratie» et à convoquer des élections anticipées. Les prochaines élections générales sont prévues en 2027.
Réactions du gouvernement
La porte-parole du gouvernement, Pilar Alegria, a minimisé la portée du rassemblement, écrivant sur X que le duo de rock espagnol Estopa avait attiré plus de monde lors de son récent concert au stade Wanda Metropolitano de Madrid que «le Feijoo apocalyptique de la Place d’Espagne». Plusieurs proches du chef du gouvernement, au premier rang desquels sa femme et son frère, mais aussi son ex-bras droit et ex-ministre des Transports José Luis Ábalos, sont mis en cause dans des enquêtes judiciaires portant sur des cas de corruption.
Défense de Pedro Sánchez
Pedro Sánchez, qui a toujours défendu la probité de son épouse et de ses ministres, accuse la droite et l’extrême droite d’être à l’origine de ce qu’il décrit comme des «campagnes de diffamation» destinées, selon lui, à déstabiliser son gouvernement. Il est arrivé au pouvoir en juin 2018 après avoir évincé son prédécesseur du PP, Mariano Rajoy, lors d’un vote de défiance lié à un scandale de corruption impliquant le parti conservateur.
Témoignages des manifestants
Mais pour Rafael Redondo, un agent immobilier de 73 ans, les affaires de corruption qui ont touché le PP étaient «complètement différentes». «La corruption qui a pu exister au sein du PP impliquait des individus agissant de leur propre chef. Mais le Parti socialiste est une organisation criminelle qui a commis des crimes de A à Z», assure-t-il.
Maria del Mar Tome, une femme d’affaires de 59 ans, ne décolère pas. «Nous voulons que Pedro Sanchez disparaisse une fois pour toutes, parce que cet homme est corrompu, c’est un menteur».