En Iran, une nouvelle mesure vient de frapper les propriétaires de chiens. Promener son chien dans la rue est désormais interdit dans près d’une vingtaine de villes pour des raisons d’hygiène, de sécurité et d’ordre public, ont rapporté dimanche les médias locaux. Le chien, comme le porc et d’autres animaux, est considéré comme impur par l’islam, de même que le fait de posséder un animal de compagnie. Cependant, aucune loi n’interdit en Iran, pays à majorité musulmane, d’avoir un chien, et nombreux sont les Iraniens propriétaires d’animaux domestiques.
Interdiction de promener les chiens dans les lieux publics
Mesures prises dans plusieurs villes
Au moins 17 villes, dont Ispahan (centre), Kerman (sud) et Ilam (ouest), ont interdit ces derniers jours de promener les chiens dans les lieux publics. Selon le quotidien réformateur «Etemad», citant un responsable de la ville d’Ilam, «des poursuites judiciaires seront engagées contre les contrevenants». À Téhéran, une directive similaire de la police existe depuis 2019, mais l’interdiction n’est pas appliquée dans les faits. Dans la capitale iranienne, de nombreux propriétaires promènent leur chien dans les rues et parcs des quartiers huppés, où l’on trouve également plusieurs boutiques dédiées aux animaux de compagnie.
Raisons invoquées par les autorités
Le procureur de la ville d’Hamedan (ouest), Abbas Najafi, a affirmé que «promener son chien constitue une menace pour la santé publique, la paix et le bien-être», selon le journal Iran, publication du gouvernement. En 2021, 75 députés avaient signé un texte pour condamner la possession d’animaux domestiques, qualifiée de «problème social destructeur» pour la société iranienne.
Positions religieuses et politiques
En 2017, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait estimé que «posséder des chiens pour des raisons autres que la garde de troupeaux, la chasse et la protection est considéré comme répréhensible». Il avait ajouté que «si cette pratique ressemble à celle des non-musulmans, promeut leur culture ou cause du tort et des troubles de voisinage, elle est considérée comme interdite», selon l’agence Tasnim.
Historique des mesures contre les animaux de compagnie
En 2016, la ville de Shahin Shahr, dans le sud de l’Iran, avait suscité l’émoi par sa décision de confisquer les animaux domestiques afin de lutter contre la «vulgaire culture occidentale».
Un symbole de l’influence occidentale
Certains responsables politiques et religieux voient dans la possession de chiens un signe d’opulence et un symbole de l’influence occidentale. Cette perception négative des animaux de compagnie reflète une tension plus large entre les valeurs traditionnelles et les influences modernes en Iran.
Un «problème social destructeur»
La possession d’animaux domestiques est souvent perçue comme un problème social destructeur, perturbant l’ordre public et la tranquillité des voisinages. Les autorités iraniennes justifient ces mesures par des préoccupations d’hygiène et de sécurité, mais elles sont également motivées par des considérations religieuses et culturelles.
Ces interdictions soulèvent des questions sur la liberté individuelle et le respect des traditions culturelles dans un pays où les influences modernes et occidentales sont souvent perçues avec méfiance.