Dans un entretien à la presse régionale dimanche, Emmanuel Macron a fait des annonces sur le chalutage de fond qui ont été reçues avec scepticisme par les ONG. Les associations environnementales dénoncent un manque d'ambition et une mise en scène du statu quo, malgré quelques avancées reconnues.
Le «peu d’ambition» du président
«Manque d’ambition», «imposture»: l’annonce par Emmanuel Macron d’une limitation du chalutage de fond dans les aires marines protégées (AMP) françaises suscite un fort scepticisme parmi les ONG environnementales, même si certaines saluent «un bon premier pas». L'association Bloom a vivement critiqué l'annonce du président, estimant qu'il s'agit d'une simple mise en scène du statu quo.
Critiques des ONG
«Le président a mis en scène l’annonce… du statu quo!» a vilipendé l’association Bloom dans un communiqué diffusé dimanche, estimant qu’Emmanuel Macron avait «confirmé que l’imposture de la politique de protection maritime de la France se poursuivrait, à savoir qu’il n’existerait jamais de cadre contraignant pour protéger véritablement les aires marines dites protégées.»
Annonces de Macron
Dans un entretien à la presse régionale donné à la veille du sommet de Nice (sud-est) sur les océans, Macron a annoncé une limitation du chalutage de fond dans certaines zones des AMP françaises. Il a admis que cette technique de pêche, qui râcle le fond de la mer, «vient perturber la biodiversité et des écosystèmes qu’il faut apprendre à protéger». Cependant, les ONG déplorent le peu d'ambition des déclarations du président.
Réactions de Greenpeace
«Il y a un tout petit peu de progrès sur la formulation: le chalutage de fond a pris la place qu’il mérite» dans la communication gouvernementale, a souligné auprès de l’AFP François Chartier de Greenpeace. Cependant, «on a l’impression qu’il annonce qu’il ne va rien annoncer», a-t-il ajouté, déplorant le «peu d’ambition» des déclarations du président. Greenpeace plaide pour une interdiction du chalutage de fond dans 30% des eaux françaises classées en aires marines protégées.
Position d'Oceana
L’ONG Oceana a salué «un bon premier pas», selon les mots de son porte-parole Nicolas Fournier, car «jusqu’à présent, c’était tabou de parler de ces questions-là». Le chalutage de fond a été pratiqué pendant 17'000 heures dans les aires marines protégées françaises en 2024, selon un rapport publié en mai par Oceana, qui appelle à bannir la pratique.
Cas de l'AMP de Port-Cros
Fournier remarque que Macron a cité dans son interview l’AMP de Port-Cros (sud-est), «où il n’y a déjà pas de chalutage». «Si on décide de l’interdire, l’impact sera minimal pour la biodiversité», a-t-il pointé auprès de l’AFP. «Interdire le chalutage de fond dans une aire marine protégée ne la rend pas en «protection stricte» car il faudrait pour cela y interdire toutes les activités extractives y compris la pêche», ajoute-t-il. A ce jour, 33% des eaux françaises sont couvertes par au moins une AMP, mais la plupart d’entre elles autorisent toutes les pratiques de pêche.
Un «tabou»
Le chalutage de fond reste un sujet sensible et souvent tabou dans les discussions sur la protection des océans. Les ONG insistent sur la nécessité de mesures plus ambitieuses et contraignantes pour véritablement protéger les écosystèmes marins.