Elle est quasi-centenaire, brille de tous ses feux, mais engloutit habituellement ses 50 litres aux 100. La Bugatti Royale «Coupé Napoléon», légende de l’automobile, a roulé vendredi à Mulhouse, dans l’est de la France, avec un nouveau carburant encore au stade expérimental. Au démarrage, la «Joconde de l’Automobile», avec ses six mètres de long, enfume son atelier de restauration avant de sortir sur l’autodrome du Musée de l’automobile de Mulhouse.
Premiers tours de piste avec le nouveau carburant, sous les yeux de passionnés d’automobile. «Cette voiture fait partie des six Bugatti Royale qui ont été fabriquées» entre 1926 et 1931, s’enthousiasme Brice Chalançon, responsable de l’atelier de restauration, avant de prendre le volant du bolide, censé atteindre les 200 km/h. «C’est une voiture hors normes. Elle a été fabriquée pour être plus belle que les Rolls à l’époque», raconte-t-il.
La voiture la plus prestigieuse du monde
À l’époque, «c’était la taille et les finitions qui étaient exceptionnelles, pas la technologie». C’était «la voiture la plus prestigieuse du monde», destinée à la royauté, d’où son nom. Ettore Bugatti, créateur de la marque en 1909 à Molsheim, non loin de Mulhouse, en fit son joujou personnel à sa sortie en 1926.
Une Bugatti Royale de 1926
Avec son moteur 8 cylindres en ligne d’une cylindrée de 12 763 cm3 développant 300 cv, cette Bugatti est onéreuse à la construction et à la vente. La production de la série s’arrêta en 1931, victime de la crise des années 1930.
Un carburant beaucoup moins polluant
Le nouveau carburant de synthèse testé est produit par Aramco à partir d’hydrogène et CO2, explique le directeur du centre de recherche sur les carburants du géant pétrolier saoudien, Pierre-Olivier Calendini.
«C’est un carburant qui est beaucoup moins polluant et qu’on peut utiliser sans modifier son moteur, sans mettre d’additif ou de boîtier. Et on est en train de prouver avec une voiture qui est presque centenaire que c’est possible et réalisable», assure Guillaume Gasser, directeur du musée de Mulhouse.
Des tests avec différents constructeurs en Europe et ailleurs sont en cours sur de nouveaux modèles.
Commercialisation à très court terme pour l’aviation
Actuellement au stade de la recherche, ce carburant n’est «pas encore» prêt pour la commercialisation pour le transport routier. Cependant, Aramco prévoit de le commercialiser «à très court terme pour l’aviation».
Une importante collection automobile
Le musée de Mulhouse possède une importante collection automobile, avec 420 modèles exposés et plus de 600 véhicules en tout. L’usine Bugatti de son côté se trouve toujours à Molsheim, mais produit aujourd’hui des hyper-sportives de grand luxe. Une direction déjà amorcée par Ettore Bugatti, qui souhaitait vendre des voitures «petites, légères et faciles à manœuvrer».
Rachetée en 2021, l’entreprise appartient aujourd’hui à 55% au groupe croate Rimac Automobili.
Cette expérimentation montre que même les véhicules historiques peuvent bénéficier des avancées technologiques modernes, ouvrant la voie à un avenir plus durable pour l'automobile.