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Esther Senot, rescapée d'Auschwitz, témoigne devant 300 élèves en Île-de-France


À 97 ans, Esther Senot partage son expérience des camps et appelle à la vigilance contre le négationnisme et le révisionnisme.

Esther Senot, rescapée d'Auschwitz, témoigne devant 300 élèves en Île-de-France

Esther Senot, âgée de 97 ans, est l’une des dernières rescapées d’Auschwitz-Birkenau. Elle a témoigné devant 300 collégiens et lycéens en Île-de-France, partageant son expérience poignante et appelant à la vigilance face aux dangers du négationnisme et du révisionnisme.

«Vous n’êtes pas seulement une survivante, mais une combattante»: c’est avec ces mots que plus de 300 collégiens et lycéens de Saint-Cloud ont accueilli Esther Senot, l’une des dernières rescapées d’Auschwitz-Birkenau, âgée de 97 ans. Lors de cette rencontre, la vieille dame a partagé son témoignage avec une énergie et une détermination qui ont marqué les esprits.

Un témoignage poignant et un appel à la mémoire

Le message d'Esther Senot aux jeunes générations

«Je compte sur vous pour que, lorsque nous ne serons plus là, nous qui avons connu les camps, vous puissiez témoigner en notre nom à tous face aux négationnistes et aux révisionnistes», a lancé Esther Senot, assise sur la scène du cinéma-théâtre de la ville. Derrière elle, des photos du camp d’extermination de Birkenau défilaient, montrant les rails menant à l’entrée, des femmes au crâne rasé, et des piles de vêtements.

Le souvenir de sa sœur Fanny

Esther Senot a raconté comment, à l’âge de 15 ans, elle a retrouvé sa sœur Fanny à Birkenau. Juste avant de mourir, Fanny lui a fait une ultime demande: «Promets-moi, si tu as une chance d’en revenir, de raconter ce qui nous est arrivé, qu’on ne soit pas les oubliés de l’Histoire», a relaté Esther Senot.

«C’est le moment qui m’a le plus marquée, j’ai lâché ma petite larme», a confié Rachel Benmouhar, lycéenne de 18 ans, après la rencontre avec la rescapée de la Shoah.

La vie sous l'Occupation

Avec une mémoire toujours vive et une parole alerte, Esther Senot a raconté le quotidien de sa famille sous l’Occupation: l’inscription «juif» tamponnée en rouge sur les papiers d’identité, les compartiments séparés dans les transports en commun, les affiches «interdit aux Juifs et aux chiens» dans les jardins d’enfants, et jusqu’à la rafle du Vel d’Hiv.

«J’ai assisté à cette rafle de ma fenêtre, on entendait hurler d’étage en étage, on voyait des personnes âgées descendre sur des civières», a-t-elle raconté.

Une démarche cruciale

Esther Senot répète inlassablement son témoignage depuis des années, se rendant dans des établissements scolaires ou au Mémorial de la Shoah, voire dans le camp d’Auschwitz-Birkenau où elle a passé 17 mois. Une démarche cruciale pour elle, alors que les derniers témoins disparaissent peu à peu.

«Quand on voit ce qui se passe actuellement, la planète tourne à l’envers (...) c’est démoralisant», a-t-elle expliqué. «Quand on est revenus, on a eu des années formidables d’après-guerre, je ne pouvais pas m’imaginer tout ce qui se passe actuellement alors qu’on a bataillé toute notre vie pour avoir une vie normale», a-t-elle ajouté.

Les signes précurseurs de la tragédie

«Quels sont, selon vous, les signes précurseurs qui doivent nous mettre en garde pour que cette tragédie ne se reproduise plus jamais?» lui a demandé Gabriel, du collège Émile-Verhaeren. «Les signes précurseurs, ça fait déjà un moment que ça a commencé», a répondu Esther Senot, qui déplore que «l’antisémitisme a toujours existé, mais c’était dans des milieux intellectuels d’extrême droite, la parole n’était pas libérée comme maintenant, ça restait entre eux».

Un appel solennel à la paix

Esther Senot a conclu son témoignage par un appel solennel à la paix, exhortant les jeunes générations à rester vigilantes et à lutter contre toutes les formes de haine et de discrimination. Son message résonne comme un cri d’alarme face à la montée des extrémismes et à la banalisation de la haine.

En partageant son histoire, Esther Senot espère que les jeunes générations sauront préserver la mémoire des victimes de la Shoah et œuvrer pour un monde plus juste et plus tolérant.