Robert Zubrin, l’un des grands spécialistes de Mars, est aussi un critique véhément de la politique spatiale de Donald Trump et d’Elon Musk, dont l’objectif ambitieux est de coloniser la planète rouge. Dans une interview à l’AFP, le fondateur de la Mars Society, âgé de 73 ans, accuse l’homme le plus riche du monde de transformer la mission martienne en une échappatoire à la Terre, plutôt qu’un voyage d’espoir.
Une vision sombre de la planète rouge, nourrie de récupérations politiques selon le chercheur. «D’un côté, il a absolument contribué à cette idée d’envoyer des humains sur Mars, grâce au développement de Starship (la mégafusée de SpaceX, l’entreprise spatiale d’Elon Musk, ndlr) et à l’inspiration que cela a suscité», dit Robert Zubrin à l’AFP.
Une critique acerbe de la politique spatiale
Les contributions d'Elon Musk
Bien que Robert Zubrin reconnaisse les contributions significatives d'Elon Musk à la mission martienne, il estime que cette initiative ne peut pas être considérée comme un cheval de bataille de Musk ou de Trump – elle doit être considérée, au minimum, comme le programme de l’Amérique, ou de préférence comme le programme du monde libre», selon le chercheur.
Le plan Mars Direct
En 1996, cet ingénieur aérospatial a publié «The Case for Mars», un livre mis à jour à de nombreuses reprises depuis, qui dresse un plan pour atteindre et coloniser la planète rouge en utilisant les technologies existantes et les ressources locales, dans le but ultime de la rendre habitable.
En 1990, Robert Zubrin a participé à l’élaboration du plan Mars Direct – un projet de la Nasa visant à envoyer des astronautes sur la planète rouge – et publié des centaines d’articles.
Les critiques personnelles
S’il décrit Elon Musk comme une «personne extrêmement talentueuse et énergique», Robert Zubrin considère que le succès du multimilliardaire a engendré chez lui «hybris et arrogance», le comparant à Napoléon, tout en tapant du poing pour souligner le poids de ses paroles.
«Cette alliance entre Trump et Musk ne va pas durer éternellement», avertit Robert Zubrin, alors que la rupture entre le président américain et le multimilliardaire est officiellement consommée depuis les récentes critiques d’Elon Musk envers le mégaprojet de loi budgétaire voulu par le républicain. Le président américain avait auparavant annoncé samedi revenir sur la nomination de Jared Isaacman, un proche d’Elon Musk, à la tête de la Nasa.
Les coupes budgétaires de Trump
Robert Zubrin condamne également les coupes décidées par Donald Trump dans le budget de cette dernière, qui pourraient impacter un programme de recherche développé avec l’Agence spatiale européenne visant à rapporter des échantillons de la planète Mars.
Les promesses de Starship
C’est dans Starship, la méga fusée d’Elon Musk, que Robert Zubrin continue de voir des promesses. Mais les explosions répétées de l’engin lors de différents lancements montrent qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Et selon l’expert, Starship est bien trop grande pour aller sur Mars. Il propose une alternative avec Starboat – un atterrisseur compact qui pourrait faire la navette entre la surface planétaire et l’orbite. Les divergences entre les deux hommes sont également philosophiques.
L'espoir et le renouveau
«Nous n’allons pas sur Mars par détresse», affirme Robert Zubrin. «Nous y allons parce que nous avons l’espoir (...) d’établir de nouvelles branches de la civilisation humaine», ajoute-t-il.
Robert Zubrin voit en la planète rouge un synonyme de renouveau. Une campagne commençant par des missions robotiques à la fin des années 2020 et se terminant par des atterrissages humains en 2033 pourrait inspirer un soutien démocrate comme républicain, mettre en valeur l’ingéniosité américaine et redonner un objectif à la nation.
En conclusion, Robert Zubrin appelle à une vision plus large et plus inclusive de la mission martienne, qui ne soit pas limitée aux ambitions personnelles de Musk ou aux manœuvres politiques de Trump. La planète rouge doit être vue comme une opportunité pour l’humanité tout entière.