Le procès du rappeur et producteur P. Diddy se poursuit à New York. Mercredi, une amie de l’ex-compagne de l’accusé a relaté une scène d'une grande violence.
Une témoin relate avoir été suspendue dans le vide par le rappeur
Une témoin au procès pour trafic sexuel de P. Diddy a soutenu mercredi devant le tribunal de New York que le magnat du hip-hop l’avait «soulevée» dans les airs depuis le 17e étage d’un édifice avant de la projeter contre des meubles, une agression physique qui l’a traumatisée. Bryana Bongolan, une amie de longue date de Casandra Ventura, ex-copine de P. Diddy connue sous son nom de chanteuse «Cassie», a raconté que le fondateur du label Bad Boy Records l’avait un jour surprise par derrière, pour la soulever au-dessus d’un balcon tout en l’insultant.
Une agression traumatisante
«Il m’a soulevée et m’a suspendue à la rampe» pendant 10 à 15 secondes en criant sans cesse «tu sais ce que tu as fait», a-t-elle témoigné en disant ne pas comprendre ce que P. Diddy lui reprochait lors de cet incident survenu dans l’appartement de Cassie. Des photos du balcon et une image de ses contusions à l’issue de cet incident ont été présentées au jury. Cette témoin a aussi raconté avoir vu P. Diddy lancer un couteau en direction de Cassie, qui l’aurait ensuite relancé vers le producteur.
La peur de la réaction du rappeur
Cette amie de Cassie a indiqué ne pas avoir contacté la police sur le coup, craignant la réaction du rappeur. «J’avais simplement peur de Puff», a-t-elle déclaré aux jurés réunis au tribunal criminel de Manhattan en employant l’un des nombreux surnoms du chanteur et producteur. Depuis près d’un mois, les jurés du tribunal fédéral de Manhattan ont vu défiler une série de témoins qui leur ont décrit l’emprise exercée par l’influent rappeur et producteur sur ses employés ou son ex-compagne.
Accusations de trafic à des fins d’exploitation sexuelle
Sean Combs, dit P. Diddy comparaît pour trafic à des fins d’exploitation sexuelle et entreprise criminelle. À 55 ans, il est accusé d’avoir forcé plusieurs femmes, dont Cassie, qui a déjà témoigné, à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués. Selon l’accusation, les employés de P. Diddy devaient notamment se charger de livrer des drogues aux victimes pour qu’elles se soumettent et faire en sorte qu’elles se taisent.
La défense de P. Diddy
Le rappeur a plaidé non coupable. Sa défense concède des épisodes de violence sur Cassie, mais affirme qu’elle participait de son plein gré aux rapports sexuels avec d’autres hommes. Durant son témoignage, la chanteuse a assuré qu’elle n’avait pas le choix. Une dizaine de personnes ont porté plainte contre P. Diddy au civil ces dernières années, comme Bryana Bongolan, qui souhaite «obtenir justice pour ce qui s’est produit sur le balcon». «Parfois, je crie dans mon sommeil», a-t-elle déclaré aux jurés, disant souffrir d’un syndrome de stress post-traumatique.
La crédibilité de la témoin remise en question
L’avocate de la défense, Nicole Westmoreland, a attaqué la crédibilité de Bryana Bongolan en l’accusant de consommer énormément de drogues, ce qui aurait brouillé sa mémoire. La défense l’a également accusée d’avoir coordonné sa plainte au civil avec celle, en novembre 2023, de Cassie, qui s’est soldée par un accord à l’amiable en moins de 24 heures. Les deux femmes se seraient alors entendues sur une même version des faits, a suggéré l’avocate.
Témoignage d'un garde de sécurité
Mardi, un garde de sécurité d’un hôtel de luxe a raconté avoir reçu 100'000 dollars dans un sac en papier brun de la part de P. Diddy en échange de l’enregistrement de caméras de surveillance le montrant en train de traîner au sol Cassie et la rouer de coups, diffusé des années plus tard par la chaîne CNN et présenté au jury. Cet agent de sécurité, Eddy Garcia, a affirmé avoir refusé au début cette offre, avant de finalement l’accepter avec l’aval d’un de ses patrons, qui a pris un pourcentage de la transaction. «Eddy, mon ange, je savais que tu pouvais aider. Je savais que tu pouvais le faire», lui a ensuite dit P. Diddy, a-t-il témoigné devant le tribunal.