Le propriétaire de l'Isba, une résidence pour saisonniers à Courchevel, est jugé ce jeudi pour homicides et blessures involontaires en raison de ses «négligences». L'incendie criminel qui a ravagé la résidence en 2019 a causé la mort de deux personnes et blessé une vingtaine d'autres. Les détecteurs de fumée défaillants et l'absence de portes coupe-feu sont parmi les nombreuses infractions de sécurité relevées.
Eric Claret-Tournier, 59 ans, comparaît devant le tribunal correctionnel d’Albertville (Savoie), neuf jours après la condamnation d’un Algérien de 28 ans à la réclusion criminelle à perpétuité. Hicham Abderraouf a été reconnu coupable d’avoir déclenché l’incendie le 20 janvier 2019 vers 4h du matin.
Un incendie tragique et ses conséquences
L’Isba, une résidence vétuste abritant 57 travailleurs saisonniers dans 40 chambres réparties sur trois étages, a été le théâtre d’un drame épouvantable. Une femme de 32 ans et un homme de 50 ans ont succombé asphyxiés, tandis qu’une vingtaine de locataires ont été blessés en se défenestrant pour échapper aux flammes.
Les réactions des proches et des responsables
«J’espère une justice équitable et proportionnelle», a déclaré à l’AFP Alain Corci, dont la fille Ambre a échappé de peu à la mort mais reste lourdement handicapée. «Ce procès est vraiment le symbole du mal logement en montagne», a ajouté Antoine Fatiga, responsable national CGT des domaines skiables de France.
Les négligences mises en lumière
Bien que l’incendie ait été d’origine criminelle, l’enquête a révélé de nombreux problèmes dans la résidence Isba, construite dans les années 50. Les détecteurs de fumée «n’ont pas fonctionné correctement» le jour de l’incendie, des portes palières comme le système de désenfumage de l’escalier étaient non-conformes et des portes coupe-feu absentes, selon les experts judiciaires.
Les responsabilités du propriétaire
Ces défaillances ont «permis une propagation plus rapide du feu» et n’ont «pas permis une évacuation optimale des occupants», ont estimé les experts. Cette «accumulation de négligences» a exposé «autrui à un risque d’une particulière gravité» que M. Claret-Tournier, propriétaire des lieux, «ne pouvait ignorer», selon eux. Cet homme d’affaires a d’abord loué l’Isba en 2009 puis l’a acheté en 2013.
Peu après la signature de son premier bail, le bâtiment avait été fermé au public par un arrêté municipal qui «insistait sur les risques incendie» du fait de la vétusté des équipements de la résidence et demandait de prendre des mesures avant d’y loger des salariés. Devant le magistrat instructeur, le prévenu a pourtant affirmé qu’«à aucun moment, il n’avait été informé» des travaux de sécurité à réaliser.
La défense et les enjeux du procès
Pour Me Michel Herlemont, l’un des deux avocats de la défense, le procès doit permettre de «comprendre comment les gens étaient logés, parce qu’il y a une caricature qui a été faite, comme si les gens étaient excessivement mal logés».
- Établissement vétuste: La résidence Isba, construite dans les années 50, présentait de nombreux signes de vétusté.
- Risques d'incendie: Les équipements de sécurité étaient défaillants, augmentant les risques d'incendie.
- «Pas informé»: Le propriétaire affirme n'avoir jamais été informé des travaux de sécurité nécessaires.
Ce procès met en lumière les conditions de logement précaires des saisonniers en montagne et souligne l'importance des mesures de sécurité dans les résidences accueillant des travailleurs.