L’Union européenne a retenu mercredi treize projets stratégiques pour sécuriser son accès aux métaux rares. Cette initiative vise à diversifier ses approvisionnements en matières premières stratégiques, essentielles pour des industries clés telles que les batteries et le stockage des véhicules électriques.
Depuis plusieurs mois, l’UE tente de réduire sa grande dépendance à la Chine et de sécuriser son industrie. «Cette diversification est importante pour permettre à l’Union européenne de rester indépendante dans les crises géopolitiques et diplomatiques futures», a insisté le vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné, devant la presse.
Stratégie de diversification des approvisionnements
Projets à l'étranger et dans les territoires ultramarins
Après avoir dévoilé fin mars une cinquantaine de projets d’extraction minière à l’intérieur de l’Europe, Bruxelles se tourne cette fois vers des pays tiers ou des territoires ultramarins comme la Nouvelle-Calédonie. Cette nouvelle liste concerne des matières premières stratégiques essentielles aux batteries et au stockage des véhicules électriques, comme le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le graphite. Elle vise aussi l’extraction de terres rares, éléments clés de la production d’aimants utilisés notamment dans les éoliennes.
Projets spécifiques en cours
Aux côtés du ministre du Commerce britannique Jonathan Reynolds et de l’Ukrainienne Svitlana Gryntchouk (environnement et ressources naturelles), Stéphane Séjourné a insisté sur les «deux projets» menés avec ces «partenaires et amis».
Dans le sud-ouest de l’Angleterre, dans le Devon, il s’agit d’un projet baptisé «Tungsten West». Le tungstène est utilisé dans l’industrie de défense et spatiale. En Ukraine, l’UE a choisi un projet d’extraction de graphite dénommé «Balakhivka Graphite Deposit». Le graphite est un des composants des batteries électriques.
Partenariats internationaux
Washington avait pris les devants avec l’Ukraine il y a un mois en scellant un large accord dans l’exploitation des ressources, notamment gaz, pétrole, titane, lithium et minerais rares. L’UE à la traîne? Ce partenariat de Bruxelles avec Kiev «n’empêche pas d’autres projets» à l’avenir. «J’espère que ce sera le premier d’une longue série», a répondu M. Séjourné. Les projets retenus par la Commission mercredi recevront un soutien financier de l’UE.
Objectifs chiffrés et législation
L’Europe a adopté l’an dernier une législation pour sécuriser ses approvisionnements. Elle établit une liste de 17 matières premières stratégiques comme le cobalt, le nickel et l’aluminium pour lesquelles elle fixe des objectifs chiffrés.
Pour chacune d’elles, l’UE doit pouvoir d’ici à 2030 assurer sur son territoire au moins 10% des besoins d’extraction, 40% de la transformation et 25% du recyclage. Et pour chacune d’elles, l’UE ne devra pas dépendre d’un pays tiers unique pour plus de 65% de ses besoins.
Leçons apprises de la pandémie et de la guerre en Ukraine
Secouée par la pandémie de Covid puis par la guerre en Ukraine, l’Union européenne a appris dans la douleur qu’un recours excessif aux importations pour certaines matières premières critiques pouvait mettre à l’arrêt ses chaînes d’approvisionnement.
Cette nouvelle stratégie de diversification des approvisionnements en métaux rares et matières premières stratégiques est donc cruciale pour garantir la résilience et l’indépendance de l’UE face aux futures crises géopolitiques et diplomatiques.