Les avocats de l’ancien producteur Harvey Weinstein, rejugé à New York pour agressions sexuelles et viol, ont demandé mardi aux jurés son acquittement s’ils ont «le moindre doute», lors de leur dernière plaidoirie avant que les jurés ne se retirent pour décider d’un verdict. Cette demande intervient dans le cadre d'un procès retentissant qui a vu la chute de l'ancien magnat du cinéma, entraînant la vague mondiale #MeToo en 2017.
«S’il y a le moindre doute dans le dossier, vous devez jeter tout cela» et déclarer Harvey Weinstein, 73 ans, non coupable d’agressions sexuelles sur l’ancienne assistante de production Mimi Haley et l’ex-mannequin Kaja Sokola en 2006, et de viol sur l’aspirante actrice Jessica Mann en 2013, a lancé l’avocat Arthur Aidala, en démarrant sa plaidoirie mardi. Les procureurs auront ensuite la parole pour clore leur démonstration, puis le juge Curtis Farber donnera ses instructions aux jurés, dont les délibérations pourraient commencer mardi ou mercredi.
La défense de Harvey Weinstein plaide l'acquittement
Un procès retentissant
Harvey Weinstein comparaît de nouveau depuis le 15 avril à New York après l’annulation retentissante l’année dernière de sa condamnation en 2020 à 23 ans de prison pour l’agression sexuelle de Mimi Haley, et le viol de Jessica Mann. Le procès a aussi porté sur une nouvelle inculpation pour une agression sexuelle de Kaja Sokola, qui avait 19 ans à l’époque des faits.
Les trois victimes présumées ont témoigné devant les jurés. Harvey Weinstein, qui reste en prison à cause d’une autre condamnation pour crimes sexuels en Californie, et a comparu chaque jour en chaise roulante, physiquement diminué, a préféré garder le silence. Près de 20 ans après les faits les plus anciens, son avocat a tenté une nouvelle fois de jeter le doute sur la crédibilité des accusatrices. Pour Arthur Aidala, il ne s’agit pas de contester que son client a eu des relations sexuelles avec ces trois femmes, mais de démontrer qu’elles étaient consenties.
Stratégie de la défense
À ses yeux, «c’est transactionnel», de la «promotion canapé» entre de jeunes femmes qui «utilisent leur beauté, leurs charmes» et un homme plus âgé qui peut leur ouvrir des portes. «C’est lui qu’on a utilisé», a-t-il même affirmé, cherchant visiblement à faire mentir les procureurs qui ont décrit Harvey Weinstein comme un homme tout-puissant.
Pour Arthur Aidala, l’accusation a recours à des témoignages mensongers, de la part de «femmes qui ont eu leurs rêves brisés», pour parvenir une nouvelle fois à la condamnation du «pécheur originel du mouvement #MeToo». Le verbe haut, multipliant les métaphores, l’avocat a cherché plusieurs fois à s’attirer la sympathie du jury avec des plaisanteries. Il a aussi parfois mimé les victimes pour pointer des incohérences, comparant l’une d’elle à un enfant pris en flagrant délit de mensonge.
Arguments de la défense
L’avocat insiste sur le fait que les victimes ont toutes continué à fréquenter Harvey Weinstein après les violences alléguées, ce qu’elles n’ont pas contesté, expliquant qu’elles n’avaient pas voulu gâcher leurs carrières et qu’elles avaient eu peur de ne pas être prises au sérieux si elles avaient accusé le fondateur des studios Miramax, dont les films accumulaient les Oscars.
Ce procès marque une étape cruciale dans l'affaire Harvey Weinstein, dont les répercussions ont secoué l'industrie du cinéma et déclenché un mouvement mondial contre les abus sexuels.
Les délibérations des jurés, qui pourraient commencer dès mardi ou mercredi, seront déterminantes pour l'avenir de l'ancien producteur, dont la chute a marqué un tournant dans la lutte contre les abus de pouvoir et les violences sexuelles dans le monde du cinéma.