À Moscou, pas de sirène, pas de course aux abris lorsque des drones s’annoncent. À en croire Kirill, «personne ne se soucie» de ces drones: «Les gens ont trop de soucis et trop de travail pour prêter attention à ces situations.»
Barbe noire et lunettes de soleil, Kirill, 27 ans, travaille dans l’immobilier et marche dans le quartier des Etangs du Patriarche. L’Ukraine, cible quotidienne des bombardements et des drones russes, a lancé la semaine dernière deux raids nocturnes d’engins sans pilote.
Aucune inquiétude
Réactions des Moscovites
Le ministre des Situations d’urgence, Alexandre Kourenkov, a uniquement invité les Russes à «essayer de rester calmes» en cas d’attaque. «La panique désoriente toujours», a-t-il dit à la presse la semaine dernière, rappelant que des brochures avec des «recommandations» avaient été éditées.
D’ailleurs, Moscou et son maire Sergueï Sobianine se montrent surtout affairés à préparer «L’été à Moscou», un programme culturel et sportif. Sollicités par l’AFP à propos des mesures prises par la municipalité face aux attaques de drones, les services de M. Sobianine n’ont pas donné suite.
Vie quotidienne à Moscou
Et en cette soirée de printemps, Janna, 29 ans, n’entend pas se laisser «gâcher (sa) bonne humeur» en écoutant les informations, car «il y a beaucoup de mensonges». «À chacun sa vérité», affirme la Moscovite, rencontrée dans le flot des noctambules habitués des restaurants branchés des Etangs du Patriarche.
Et les drones? «Je suis sûre qu’ils seront éliminés. Je suis sereine», dit la jeune femme qui ne souhaite pas donner son nom de famille, comme souvent lorsque les Russes sont interrogés au sujet du conflit.
Dans le quartier, le risotto aux champignons (1 980 roubles, environ 22,5 euros) rivalise avec la pizza aux truffes (2 290 roubles, environ 26 euros) sur les cartes des restaurants, toujours aussi bondés malgré l’inflation qui se maintient au-dessus de 10% au niveau national. Pour les cocktails, on passe du Negroni Sbagliato au Raspberry Spritz.
Symboles de soutien et opinions divergentes
Arrive un SUV, toutes basses dehors, sur lequel est collé un «Z», symbole de soutien aux forces armées russes engagées en Ukraine dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts des deux côtés. Sur le trottoir pris d’assaut par les influenceurs et la jeunesse dorée, Marina, 43 ans, marche d’un pas décidé. Elle se dit opposée au conflit et n’a «pas peur» des drones, auxquels «on va sans doute s’habituer».
Ce qui la préoccupe, c’est l’entreprise qu’elle a perdue. «Mais ça n’est pas à cause de la guerre, c’est parce que j’ai quitté mon mari», dit Marina dans un anglais limpide, en utilisant ce mot de «guerre» honni du pouvoir russe qui préfère le terme «d'opération militaire spéciale». Et puis il y a les sanctions contre la Russie «que nous ressentons tous». «Vous avez vu l’inflation? Vous avez vu les prix ?», lance-t-elle.
Recommandations officielles
Le ministre des Situations d’urgence, Alexandre Kourenkov, a uniquement invité les Russes à «essayer de rester calmes» en cas d’attaque. «La panique désoriente toujours», a-t-il dit à la presse la semaine dernière, rappelant que des brochures avec des «recommandations» avaient été éditées.
Dans ce contexte, les Moscovites semblent déterminés à poursuivre leur vie quotidienne sans se laisser perturber par les menaces extérieures. La capitale russe continue de vibrer au rythme de ses événements culturels et de ses soirées animées, malgré les tensions géopolitiques et les défis économiques.