Mercredi 13 novembre, veille d'un match de foot France-Israël sous haute tension à Paris, Younès* est au volant de sa voiture, fenêtres ouvertes et musique à fond. Il s'arrête quelques secondes devant un restaurant spécialisé dans la cuisine israélienne pour laisser passer des piétons, raconte Le Parisien. À ce moment-là, la voix du rappeur Kaaris se fait entendre dans son véhicule: «Mauvaise jonction, deux roues, casque intégral, attention ça va rafaler, rafaler, rafaler...» Des «mecs» regardent alors Younès «bizarrement», mais celui-ci passe à autre chose et rentre chez lui.
Trois jours d'enfer pour un simple malentendu
Le lendemain, le quadragénaire est placé en garde à vue, où il sera maintenu près de 70 heures pour des soupçons d'«association de malfaiteurs en vue de commettre un crime». Les forces de l'ordre lui expliquent que des témoins l'ont entendu menacer de les «rafaler». Dans les locaux de la police, le père de quatre enfants doit répondre à des questions sur la religion musulmane et commence à comprendre ce qui s'est passé. Il ignore alors que sa compagne Nadia, propriétaire de la voiture, est elle aussi détenue dans une pièce voisine.
Un malentendu qui tourne au cauchemar
«Des gens m’auraient entendu dire que j’allais rafaler, qu’on était trois dans la voiture, que j’étais en djellaba grise... J’étais en pull à capuche noir avec une parka vert kaki!» s'insurge Younès. Les heures et les jours défilent, la tension monte. Claustrophobe, le quadragénaire finit par faire un malaise et est conduit à l'hôpital. «C’est une pression psychologique permanente. Mais nous, on était innocents. J’avais peur que Younès s’effondre, plus les heures passaient, plus je le voyais se décomposer», témoigne Nadia, greffière dans un palais de justice.
Innocentés grâce à la géolocalisation
Innocentés par la géolocalisation de leurs téléphones et la vidéosurveillance d’un bar voisin, Younès et Nadia sont relâchés sans poursuite, après trois jours de calvaire. «On a perdu 4 kg chacun», assurent-ils. En colère et traumatisé, le couple a porté plainte pour «dénonciation calomnieuse». Les témoins «ont menti. Nos enfants ont eu peur. Ma place était en jeu. Ça se finit bien, mais je ne laisserai pas passer. On a été des victimes. Le 13 novembre, le fameux match, le conflit au Proche-Orient, je peux comprendre l’inquiétude. Mais on n’a rien d’antisémite», s'insurge Nadia.
Plainte pour dénonciation calomnieuse
Le couple a décidé de porter plainte pour dénonciation calomnieuse. Ils estiment que les témoins ont menti et que cette affaire a eu des conséquences graves sur leur vie personnelle et professionnelle. «Nos enfants ont eu peur. Ma place était en jeu. Ça se finit bien, mais je ne laisserai pas passer. On a été des victimes», déclare Nadia.
Cette affaire met en lumière les conséquences dramatiques qu'un simple malentendu peut avoir sur la vie des individus. Elle souligne également l'importance de la vigilance et de la vérification des informations avant de porter des accusations graves.
*Prénoms d'emprunt
