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Pierre Nora, historien et membre de l'Académie française, est mort à 93 ans


Pierre Nora, figure intellectuelle majeure, est décédé le 2 juin 2025. Connu pour ses travaux sur les lieux de mémoire et son engagement pour la liberté d'expression des historiens.

Pierre Nora, historien et membre de l'Académie française, est mort à 93 ans

L’historien et éditeur français Pierre Nora, membre de l’Académie française, est mort lundi à l’âge de 93 ans, a annoncé sa famille à l’AFP. «Anne Sinclair Nora a la douleur d’annoncer le décès de son époux Pierre Nora survenu le 2 juin 2025», a indiqué la famille dans un communiqué transmis par le neveu de l’historien, l’éditeur Olivier Nora.

Né le 17 novembre 1931 à Paris, Pierre Nora est issu d’une famille de la grande bourgeoisie juive parisienne. Agrégé d’histoire en 1958, il part en pleine guerre d’Algérie enseigner à Oran – française à l’époque – d’où il ramène en 1960 un essai de psychologie collective «Les Français d’Algérie».

Un intellectuel influent et prolifique

Les débuts et les premières œuvres

En 1971, il dirige avec Jacques Le Goff la publication de «Faire l’histoire», une enquête en trois volumes sur la civilisation dans ses manifestations les plus quotidiennes (la cuisine), les plus intimes (le corps), individuelles ou collectives (la fête).

Les Lieux de mémoire

Il est surtout connu comme le maître d’œuvre d’un ouvrage qui fait référence sur l’identité culturelle et historique de la France, «Les Lieux de mémoire», en trois tomes («La République» en 1984, «La Nation» en 1986 et «Les France» en 1992).

«J’ai voulu étudier la mémoire nationale et, plutôt que de faire des généralités, il m’a paru plus excitant d’étudier les lieux (emblèmes, symboles, musées, archives, institutions etc.) où elle s’est condensée et exprimée», expliquait-il en 1984.

Pierre Nora a fait surgir «un nouvel objet d’histoire», a résumé l’historien français René Rémond, à propos de cette somme qui traite du Panthéon, du Tour de France, du Code civil, de l’encyclopédie Larousse, des funérailles de Victor Hugo, de la forêt ou encore de la vigne.

Engagements et contributions

Cet intellectuel que L’Express qualifia de «déchiffreur de l’identité française», qui affirmait qu’il fallait «penser la nation sans nationalisme» et qui passait pour dédaigner le pouvoir, intervenait fréquemment sur les sujets les plus sensibles de l’Histoire de la France contemporaine, depuis la guerre d’Algérie.

Il devint en 2007 président de l’association «Liberté pour l’histoire», qui défend la liberté d’expression des historiens contre les interventions politiques. «Ce n’est pas au juge ni au législateur de dire l’Histoire», affirmait-il.

Carrière dans l'édition et l'enseignement

Il a été également l’un des grands noms de l’édition en France, chez Gallimard, où il a créé et dirigé plusieurs collections de référence en histoire et sciences humaines.

Après avoir formé des générations d’étudiants en tant que directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et comme enseignant à Sciences Po Paris, il avait été élu à l’Académie française en 2001.

Il a publié deux livres de souvenirs en 2021 et 2022 chez Gallimard, «Jeunesse» et «Une étrange obstination».

Vie personnelle et engagements

Pierre Nora, qui partagea sur le tard la vie de la journaliste Anne Sinclair, a aussi été directeur de la revue «Le Débat» et membre fondateur de l’influente fondation Saint-Simon.

Mémoire nationale

Pierre Nora a profondément marqué la compréhension de l’identité française à travers ses œuvres et ses engagements. Son travail sur les lieux de mémoire a permis de mieux comprendre les symboles et les emblèmes qui façonnent la mémoire collective du pays.

Déchiffreur de l’identité française

Son approche innovante de l’histoire, en se concentrant sur les lieux de mémoire, a ouvert de nouvelles perspectives pour les historiens et les chercheurs. Il a su déchiffrer l’identité française avec une profondeur et une sensibilité qui ont marqué plusieurs générations.

Sa disparition laisse un vide immense dans le monde intellectuel français, mais son héritage perdurera à travers ses écrits et ses contributions à la compréhension de l’histoire et de l’identité nationale.