Fermement opposé à la proportionnelle voulue par François Bayrou, le nouveau patron des Républicains (LR), Bruno Retailleau, n'exclut pas un départ du gouvernement. Depuis Matignon, le ministre de l’Intérieur a clairement exprimé ses réserves quant à la réforme électorale proposée par le Premier ministre. La tension est palpable au sein du gouvernement, et la sortie commune des LR jette un doute sur la survie de l'exécutif.
Une opposition ferme à la proportionnelle
La position de Bruno Retailleau
Bruno Retailleau, nouvel homme fort de LR, s'est montré très clair sur sa position concernant la réforme du mode de scrutin. En tant que ministre de l’Intérieur, il refuse de porter cette réforme, qui est un cheval de bataille de François Bayrou depuis trois décennies. Retailleau a exprimé une opposition «très ferme, absolue» à ce mode de scrutin, qu'il juge déstabilisant pour les institutions de la cinquième République.
«L’éparpillement auquel le mode de scrutin proportionnel conduirait est en réalité profondément déstabilisant pour le pays», a-t-il déclaré. Retailleau craint que la proportionnelle mène à une forme d’impuissance publique, rendant le gouvernement incapable de prendre des décisions efficaces.
Les inquiétudes de Laurent Wauquiez
Laurent Wauquiez, patron des députés LR, s'est également exprimé sur la question. Reçu à Matignon avec Bruno Retailleau et Mathieu Darnaud, Wauquiez s'est dit «consterné» par son échange avec le Premier ministre. Il a critiqué la priorité donnée au changement des règles électorales alors que le pays fait face à des défis majeurs tels que l’explosion de la dépense publique, les difficultés en matière de sécurité et d’immigration, et le mauvais fonctionnement des services publics.
Les conséquences pour la France rurale
Bruno Retailleau a également souligné que la proportionnelle pourrait écarteler la France des territoires ruraux et la France urbaine. Il a rappelé l'importance de l'enracinement et du lien entre le député, son territoire et la population qu'il représente, des valeurs auxquelles la droite est particulièrement attachée.
Un gouvernement en sursis
Cette sortie commune et alignée des LR jette un doute sur la possibilité de survie du gouvernement de François Bayrou, qui est dépourvu de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le patron du MoDem est également sous la menace d’une censure sur divers sujets, notamment la réforme des retraites et le projet de loi de finances pour 2026.
Bien que LR ne semble pas prêt à quitter le gouvernement sur ce motif, une source proche du nouveau patron du parti a indiqué que c'est une négociation politique. Quitter le gouvernement doit avoir du sens et le timing doit être compréhensible, évoquant des dossiers tels que la Nouvelle-Calédonie ou l’évolution institutionnelle de la Corse.
La défense de François Bayrou
François Bayrou, de son côté, défend cette réforme du mode de scrutin pour l’élection des députés au nom de la représentativité. Il s'inspire du modèle de 1986, seule élection à la proportionnelle de l’histoire de la Ve République, adoptée par François Mitterrand et immédiatement abrogée par la droite revenue au gouvernement. Le Premier ministre a entamé une série de consultations des forces politiques et pourrait présenter un projet de loi à l’automne.
En conclusion, la tension entre LR et François Bayrou sur la question du mode de scrutin proportionnel pourrait avoir des répercussions majeures sur la stabilité du gouvernement. Les prochains mois seront cruciaux pour observer l'évolution de cette situation politique délicate.