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Procès de corruption à Monaco: des policiers jugés pour trafic de résidence


Le procès de fonctionnaires de police accusés d'avoir vendu des titres de résidence à un magnat belge s'ouvre à Monaco. Un système de corruption révélé en 2016.

Procès de corruption à Monaco: des policiers jugés pour trafic de résidence

Le procès d’anciens fonctionnaires de police accusés d’avoir monnayé la délivrance de titres de résidence à un magnat du textile belge et à ses proches s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Monaco. L’affaire, révélée en 2016 à la suite d’écoutes téléphoniques dans un autre dossier et de dénonciations d’une épouse poussée à bout, avait éclaboussé les services de la sûreté monégasque.

Pendant plusieurs années, l’homme d’affaires Pierre Salik et une quinzaine de ses proches ont bénéficié d’un titre convoité de résident monégasque. Le statut de résident à Monaco (30'000 personnes environ en bénéficient pour 9000 Monégasques) permet de ne pas payer d’impôt — sauf pour les Français et les Américains — et présente d’autres avantages: ouvrir un compte bancaire dans la petite principauté méditerranéenne, immatriculer sa voiture à Monaco pour éviter les malus et les PV à l’extérieur...

Un système de corruption bien huilé

Conditions strictes et traitement de faveur

Les conditions pour obtenir ce statut sont très strictes, mais M. Salik et ses proches ont pu bénéficier d’un traitement de faveur. Ils louaient des appartements à Monaco et achetaient des abonnements au stade pour donner l’illusion de leur présence, mais les appartements étaient sous-loués, ce qui est interdit à Monaco.

Les accusés et leurs complices

Un ancien commissaire de police monégasque, aujourd’hui âgé de 72 ans, est accusé d’avoir organisé ce dispositif, y compris après son départ à la retraite en 2015, avec la complicité de deux fonctionnaires de police et d’un agent immobilier.

Outre ces quatre personnes, six collaborateurs de l’agent immobilier sont jugés pour complicité à des degrés divers, tandis que l’ex-épouse du commissaire comparaît pour recel et blanchiment. Tout en accusant son ex-mari de harcèlement et de tentative d’extorsion — des faits pour lesquels il comparaît également —, cette femme a détaillé pendant l’enquête les dizaines de milliers d’euros ou encore les deux voitures que le commissaire a reçus de M. Salik.

Détails des transactions illégales

Elle a ainsi raconté avoir dû déposer 20'000 euros (18'685 francs) en liquide en plusieurs fois à la banque en expliquant qu’elle les avait gagnés en se prostituant de manière occasionnelle. Les agents complices ont pour leur part agi en échange de quelques billets, d’un abonnement au spa pour une épouse ou de places au stade.

Défense des accusés

Dans un courrier à ses enfants, le commissaire a expliqué avoir agi pour pourvoir aux goûts de luxe de son ex-épouse, avant d’assurer aux enquêteurs être victime d’accusations mensongères. Poursuivi en Belgique, M. Salik a pour sa part conclu une transaction pénale en 2020, selon la presse belge. Il est décédé en janvier à l’âge de 95 ans. Le procès doit durer jusqu’au 17 juin.

Appartements sous-loués

Les appartements loués par M. Salik et ses proches étaient en réalité sous-loués, une pratique interdite à Monaco. Cette sous-location permettait de maintenir l’illusion de leur présence dans la principauté, tout en contournant les règles strictes de résidence.

Goûts de luxe

Le commissaire de police a justifié ses actions en expliquant qu’il devait satisfaire les goûts de luxe de son ex-épouse. Cette dernière a cependant dénoncé les agissements de son ex-mari, révélant les sommes d’argent et les biens qu’il avait reçus de M. Salik.

Le procès en cours promet de révéler davantage de détails sur cette affaire complexe et de mettre en lumière les mécanismes de corruption au sein des services de la sûreté monégasque.