Le Royaume-Uni va construire jusqu’à 12 sous-marins nucléaires d’attaque et six usines de munitions, a annoncé lundi le Premier ministre britannique Keir Starmer, dans le cadre de son engagement à réarmer le pays face à la «menace» posée notamment par la Russie. En déplacement à Glasgow, en Écosse, le dirigeant travailliste a détaillé sa stratégie pour faire du Royaume-Uni une nation «prête au combat» et «équipée pour les décennies à venir». «La menace à laquelle nous faisons face aujourd’hui est plus grave, plus immédiate et plus imprévisible que jamais depuis la Guerre froide», a-t-il déclaré.
«Nous sommes confrontés à une guerre en Europe, à de nouveaux risques nucléaires, à des cyberattaques quotidiennes, à une agression croissante de la Russie dans nos eaux, qui menace (aussi) notre espace aérien», a-t-il ajouté.
Renforcement de la dissuasion nucléaire
Construction de sous-marins nucléaires
Parmi les mesures phares annoncées, la construction de jusqu’à 12 sous-marins à propulsion nucléaire dotés d’armes conventionnelles, dans le cadre de l’alliance militaire Aukus, avec les États-Unis et l’Australie. Ces derniers remplaceront la flotte actuelle du Royaume-Uni dès la fin des années 2030. Pour l’instant cette flotte est constituée de sept sous-marins de ce type.
Programme d’ogives nucléaires
Keir Starmer a également confirmé que le Royaume-Uni dépenserait 15 milliards de livres sterling (17,7 milliards d’euros) pour son programme d’ogives nucléaires. Cette annonce s’inscrit dans «le renforcement de notre dissuasion nucléaire en tant que garant ultime de notre sécurité et de notre sûreté», a-t-il ajouté.
Création de nouvelles usines de munitions
Parallèlement, il a annoncé la création de six nouvelles usines de munitions, devant créer quelques 1 000 emplois. Cela portera à 6 milliards de livres le budget alloué aux munitions durant cette législature.
Augmentation des dépenses de défense
Le Premier ministre britannique avait annoncé fin février une hausse inédite depuis la fin de la Guerre froide des dépenses de défense nationales à 2,5% du PIB en 2027 contre 2,3% actuellement. Il a évoqué l’ambition du gouvernement de dépenser 3% du PIB national dans la défense durant la prochaine législature, soit au-delà de 2029, mais sans vouloir s’engager sur une date précise.
«Lorsque nous sommes directement menacés par des États disposant de forces militaires avancées, la manière la plus efficace de les dissuader est d’être prêt, et franchement, de leur montrer que nous sommes prêts à instaurer la paix par la force», a-t-il encore dit.
Pays posant une menace
Dimanche, dans une tribune dans le tabloïd «The Sun», il avait désigné comme pays posant une menace, outre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Il avait laissé de côté la Chine, alors que Londres a multiplié les efforts ces derniers mois pour apaiser les relations avec Pékin, mises à mal sous les précédents gouvernements conservateurs.
Message à destination de Moscou
La nouvelle stratégie de défense est «un message à destination de Moscou», avait également dit dimanche sur la BBC son ministre de la Défense John Healey, évoquant la menace «croissante» posée par la Russie depuis son invasion de l’Ukraine en 2022.
Rôle du Royaume-Uni dans l’Otan
La sécurité de l’Europe et le rôle du Royaume-Uni dans l’Otan sont au cœur de la révision de cette stratégie de défense, a rappelé M. Starmer, au moment où les États-Unis poussent leurs alliés à investir davantage dans leur défense. «Notre politique de défense sera toujours l’Otan en premier», a-t-il souligné lors de son discours à Glasgow.